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   Quant un amant grec ou romain en était arrivé au mo-
ment de donner à sa belle cette vive démonstration de sa
tendresse, il commençait toujours par lui déchirer sa ro-
be ; et cela se faisait comme nous le raconte Ovide, depuis
le collet jusqu'à la ceinture inclusivement; c'était la rè-
gle-
            Àud iunicam summa deducere turpiler ora
            Ad mediam, medice zona tulissel opem (1).
   Ensuite le cher ami tappait à grands coups de poing sur
la poitrine de la personne aimée. C'est ainsi que Mopsus
bat sa maîtresse dans la troisième églogue de Calpurnius.
                                                             Protinus ambas
                     Deduxi lunicas et pectora mida cecidi (2).

   Je demande mille pardons aux dames qui liront cet agréa-
ble article, si je mêle du latin à un sujet aussi éminem-
ment français : « Fart d'aimer sa maîtresse. » Mais pour
convaincre il faut des autorités respectables, et il est con-
venu que les auteurs latins sont ce que nous avons de
plus respectable dans toutes les questions de droit fran-
çais. Et puis ces dernières citations latines sont précieu-
ses encore à d'autres titres : on peut en tirer, pour notre
ville manufacturière de Lyon, une curieuse observation
d'économie politique, touchant les étoffes des anciens*
Quelque supériorité qu'ils aient sur nous d'ailleurs, il pa-
raît que leurs fabriques étaient inférieures aux nôtres. Au
moins je connais peu de nos étoffes qu'on pût déchirer
si facilement. C'est un plaisir de moins que nous avons.
   A juger Tibulle par quelques passages de ses écrits,
on serait tenté de croire qu'il ne battait pas sa maîtresse*
Cependant ces mêmes passages examinés avec plus d'at-
  (1) Ovide, amor, lib. 2.
  (2) Tibulle,tib. l.eleg. 7.