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                             VII.


     La morale considérée comme l'idéal des mœurs qui doi-
  vent exister dans une société parfaite est immuable, puis-
  qu'elle dérive de la raison absolue. Mais comme la réalité
  s'éloigne toujours plus ou moins de cet idéal, chaque peu-
  ple peut avoir une morale plus ou moins bonne, une mo-
  rale susceptible de progrès, et cet état constitue l'élément
  le plus important de la civilisation.
     C'est dans ce sens que je me demande si, en fait, la li-
 berté de la presse a été parmi nous nuisible au progrès de
 la morale.
     Cela revient à demander si certaines vertus ont cessé
 d'être estimées et si l'opinion de la société est devenue,
 par le fait de la presse, indifférente ou favorable à certains
 vices. Eh bien! si au lieu de voir les choses dans leur en-
 semble et leur résultat général, on n'examine encore que
 les particularités, très certainement on se laissera effrayer
par l'active propagation de maximes fausses et immorales
 dont la presse est l'instrument. Je vais plus loin. Comme
la vérité est le patrimoine commun, tandis que l'erreur est
le lot des individus, les plus grands génies, ceux qui ont ap-
porté par leurs écrits, à l'humanité, le tribut le plus fécond,
y ont aussi mêlé chacun sa part d'idées fausses. Je défie
qu'on cite un livre,—je parle d'un livx'e humain, bien en-
tendu,—dans lequel on ne trouve pas le coin de l'homme
peccable, fragile et passionné. S'il en est ainsi des hautes
intelligences et des âmes épurées qui ont exercé le rôle
d'instituteurs du monde, que dirons-nous de la foule des
écrivains qui ne se sont jamais proposé d'autre but que de