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305 l'étude, se perfectionna encore dans plusieurs^ ambassades, à Rome, en Allemagne, au concile de Trente. Anne, le premier des trois, raconte de lui-même qu'il n'en- tra jamais « es collège ni en classe pour estudier, ma mère craignant, dit-il, que je ne fusse embabouiné de la secte nou- velle pour quelques légères reponces qu'elle m'avoit ouy faire en mon enfance(l). » Il passa donc toute sa jeunesse à la suite de la cour ou des armées, étant si merveilleusement amateur de la lecture que le meilleur moyen qu'on pût trou- ver pour le tenir en place, avant qu'il sût ni a ni b, comme il dit, c'était de lui lire un livre, et il le retenait très bien. Louis Papon, prieur de Marcilly, et un des plus grands poètes de son siècle, au jugement de d'Urfé, lui enseigna les règles de la poésie. Tant fut procédé que, à dix-sept ans, il écrivait des sonnets pour la dame de ses pensées, laquelle ne fut point Diane de Chateaumorand. Il était embabouiné de sa chère Ca- vité, qu'il chanta sous le nom de Diane. Vers le commence- ment de 1574, il épousa, très jeune encore, Diane de Chateau- morand, dont il se sépara en 1598 pour cause de frigidité, ob impotentiam et frigiditatem ipsius Annœ. Dans cet intervalle, il se mêla aux querelles politiques, se fit ligueur, ensuite Henriquartiste, ce qui ne l'empêcha pas d'essuyer plus tard la disgrâce du prince. 11 n'avait pas été mieux récompensé de son dévouement au duc de Nemours, et peut-être cette flexi- bilité de caractère ne méritait-elle rien d'autre. Profondé- ment dégoûté du monde, et le divorce une fois consenti et autorisé, il se retira dans son château d'Urfé, où il se fit ordon- ner prêtre en 1599, mais sans fonction spéciale, et gardant son entière liberté. Ses loisirs furent spécialement remplis par la composition de poésies, tant religieuses que profanes, auxquelles il donna le titre d'Hymnes. Ce sont, tantôt des épî- tres, tantôt de petits panégyriques, tantôt des sonnets ou des quatrains. (1) Les d'Urfé, pag. 93. 20