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l'étude, se perfectionna encore dans plusieurs^ ambassades, à
Rome, en Allemagne, au concile de Trente.
   Anne, le premier des trois, raconte de lui-même qu'il n'en-
tra jamais « es collège ni en classe pour estudier, ma mère
craignant, dit-il, que je ne fusse embabouiné de la secte nou-
velle pour quelques légères reponces qu'elle m'avoit ouy
faire en mon enfance(l). » Il passa donc toute sa jeunesse à la
suite de la cour ou des armées, étant si merveilleusement
amateur de la lecture que le meilleur moyen qu'on pût trou-
ver pour le tenir en place, avant qu'il sût ni a ni b, comme il
dit, c'était de lui lire un livre, et il le retenait très bien. Louis
 Papon, prieur de Marcilly, et un des plus grands poètes de son
 siècle, au jugement de d'Urfé, lui enseigna les règles de la
 poésie. Tant fut procédé que, à dix-sept ans, il écrivait des
 sonnets pour la dame de ses pensées, laquelle ne fut point
 Diane de Chateaumorand. Il était embabouiné de sa chère Ca-
 vité, qu'il chanta sous le nom de Diane. Vers le commence-
 ment de 1574, il épousa, très jeune encore, Diane de Chateau-
 morand, dont il se sépara en 1598 pour cause de frigidité, ob
impotentiam et frigiditatem ipsius Annœ. Dans cet intervalle,
 il se mêla aux querelles politiques, se fit ligueur, ensuite
 Henriquartiste, ce qui ne l'empêcha pas d'essuyer plus tard la
 disgrâce du prince. 11 n'avait pas été mieux récompensé de
 son dévouement au duc de Nemours, et peut-être cette flexi-
 bilité de caractère ne méritait-elle rien d'autre. Profondé-
 ment dégoûté du monde, et le divorce une fois consenti et
 autorisé, il se retira dans son château d'Urfé, où il se fit ordon-
 ner prêtre en 1599, mais sans fonction spéciale, et gardant
 son entière liberté. Ses loisirs furent spécialement remplis
 par la composition de poésies, tant religieuses que profanes,
 auxquelles il donna le titre d'Hymnes. Ce sont, tantôt des épî-
 tres, tantôt de petits panégyriques, tantôt des sonnets ou des
 quatrains.

   (1) Les d'Urfé, pag. 93.
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