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Beaux vases qui cachaient des parfums inconnus.
C'est vous, entre vos mains je m'abandonne, 6 Grâces,,
C'est vous qui jusqu'au but portez les âmes lasses,
Vous par qui les présents de Dieu nous sont comptés,
Vous qu'on appelle mieux du nom de Charités !
Par vous, de l'homme au ciel et du ciel à la terre
Se fait du double amour l'échange salutaire ;
Le cœur vous doit son aile, et l'esprit son flambeau ;
Sans vous tout homme reste incapable du beau,
La sagesse avec vous n'a jamais le front triste,
L'Å“uvre abonde et sourit sous les doigts de l'artiste.
Grâces, en qui j'ai foi, blanches filles de Dieu,
Touchez, touchez mon front de vos lèvres de feu.

Ah! l'inspiration n'appartient à personne,
Pas plus qu'à ce rameau dont la feuille résonner
Le vent qui le caresse et qui le fait chanter,
Et le Dieu qui la donne est libre de l'ôter;
Nul ne peut devancer l'heure entre vous choisie,
O Grâces, pour verser dans lui la poésie;
Mais l'artiste pieux, au cœur pur et sans fiel,
Peut à force d'amour vous arracher du ciel.
Venez donc, vous savez si l'art m'est chose sainte,
Si j'ai touché jamais à la lyre sans crainte,
Si j'attends rien de moi, si l'orgueil me nourrit^
Et dans quel tremblement j'invoque ici l'esprit!
O Grâces, descendez, belles vierges antiques,
Formez autour de moi vos cadences mystiques,
Et qu'en un même accord, sur trois modes divers,
La douceur de vos voix coule à flots dans mes vers î

                         Victor de LAPRADE.