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412 REVUE DU MOIS X C'est décidé, paraît-il : nous aurons, l'hiver prochain, deux salons de peinture. Procédant- par transformations successives, les Refusés étaient devenus les Indépendants, ' et voici que les Indépendants, se dépouillant d'un nom qui flairait encore la poudre, rêvent de faire souche d'une Société lyonnaise des Beaux-Arts. Cela commence à sentir le bourgeois ; au surplus, c'est toujours là qu'il faut en arriver pour constituer quelque chose de durable. M. Puvis de Chavanne a été élu président d'honneur du Comité ; les autres membres sont : MM. Chenavard, J. Arlin, A. Perrachon, P. Miciol, J. Martin, H. Fonville, A. Balouzet, E. Pagny, C. Barriot, Castex-Degrange, E. Roman, F. Vernay, E. Baudin, F. de Belair, J. Bourgeot. Cette Commission doit se compléter par l'adjonction de quinze membres choisis parmi les notabilités lyonnaises, s'intéressant aux Beaux-Arts et résolues à mettre courageusement la main à la poche. « Notabilités lyonnaises, » est un euphémisme pour désigner les pro- priétaires ou industriels dont on dit de quoi les faire pendre, mais sans qui rien ne se fait. X< Puisse la nouvelle Société trouver des amateurs semblables à ceux qui se sont arraché à coups de billets de banque, à la vente de la bibliothèque Techener, les belles éditions sorties des presses lyonnaises. Ainsi, un exemplaire des trois premiers livres de la Plaisante et joyeuse histoyre du grand Géant Gargantua, de Rabelais, à Lyon, chez Etienne Dolet, 1542, a été adjugé au prix de 14,100 fr., et à 12,000 fr. un exemplaire des Thehodori JEthiopica historiœ, libri décent, in-fol. de 1542, orné d'une superbe reliure exécutée pour Grolier, avec son nom et sa devise sur les plats, exemplaire ayant figuré, en 1859, sur le catalogue Libri et provenant de la vente de la bibliothèque de M. Léo- pold Double. Enfin, on a payé 7,450 fr. : Pauli Jovii Novocomensis epis- copi nucerini, vie du pape Léon X, exemplaire de Grolier avec son nom et sa devise. C'est pour donner satisfaction aux amateurs de ces rarissimes édi- tions, que tous ne peuvent acheter les livres au poids de l'or, que de courageux savants nous rendent d'anciens ouvrages à peu près introu- vables. Ainsi, M. Guigue vient de rééditer les Mazures de l'Isle-Barbe, par Le Laboureur, publication que les amateurs vont se disputer et qui continuera la série des travaux remarqués du savant archiviste.