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314 I-E COMPLOT DJALAGON avait remplacé l'honnête homme. Était-ce l'ennui d'avoir attendu trop longtemps son gouvernement de Montpellier, qui avait déterminé chez Meyrargues cette nouvelle crise de rébellion? Ou plutôt n'était-ce pas l'ambition qui une fois de plus le dévorait? Lui, le descendant par son père des rois d'Aragon, par sa grand'mère, MIle de Sault d'Agoult, des rois de Catalogne, il n'était encore que syndic de Mar- seille, et un gouvernement à peine digne de lui, on le lui marchandait!... Il était temps de « faire une grande fortune du côté d'Espagne. » Le moment était favorable; les rebelles, intimidés jadis parle supplice de Biron, relevaient la tête et les avertisse- ments se succédaient auprès du roi. M. de Murât, lieute- nant-général à Riom, où il avait arrêté le comte d'Auvergne, arrive à la Cour en même temps que la reine Marguerite de Valois, qui vient de quitter le château d'Usson. Tous deux s'accordent pour recommander au roi de se tenir sur ses gardes. Us prétendent que les amis du duc de Biron et du duc d'Épernon se sont réunis dans le Midi, qu'ils sont entrés en correspondance avec les Espagnols pour leur livrer Blaye, Bayonne, Toulouse et Marseille. Les hugue- nots eux-mêmes sont disposés à s'allier avec l'Espagne. Sully ne voulait pas écouter ces dénonciations. Elles prirent bientôt un tel caractère de gravité qu'il fut bien forcé d'y croire. De tous les coins du royaume arrivaient de mau- vaises nouvelles. Deux gentilhommes albanais, les frères Lucquisses, vendaient Narbonne et Leucate. La Chapelle- Biron s'agitait dans le Périgord, le duc de Bouillon en Auvergne ; sous son nom et par ses soins, l'Espagne avait distribué de 10 à 12,000 écus, et l'on rapportait même au roi des paroles hardies : « Ce ne sont là que des arrhes pour ce qui doit être libéralement distribué dans la suite. »