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                    BIBLIOGRAPHIES LYONNAISES                        323
faut remonter pour découvrir « les sornettes si très âpres » dont François
Billon recueillera le bruit deux ou trois ans plus tard. Et, au fait, que
pouvait être, pour les témoins d'Yvard, la femme d'Ennemond Perrin?...
Elle n'avait pas tout à fait le même genre de vie que leurs femmes ;
donc, elle avait tort. Elle était flattée, aimée, entourée par des hommes
que leur position sociale mettait au-dessus d'elle; donc, elle vivait
mal. Elle avait toutes les séductions, elle était environnée de toutes les
tentations, donc elle était coupable. Incapables de comprendre sa
manière de vivre, incapables surtout de porter une beauté comme la
sienne entre tant de bras ouverts sans l'y laisser tomber, il ne leur
venait pas à l'esprit que leur voisine pût faire autre chose que ce qu'ils
auraient probablement fait eux-mêmes s'ils avaient été à sa place. »
   Mais les vers d'Olivier de Magny? mais sa passion pour Louise ?
mais cet insolent pamphlet contre Ennemond Perrin ne sont-ils pas
la preuve que la pauvre femme est tombée? M. Boy n'en est pas con-
vaincu. Dans un raisonnement aussi fin que sensé, il montre Olivier
de Magny courtisant toutes les femmes, chantant ses triomphes en
France et'en Italie, enchâssant dans ses vers Anne, Marguerite, Made-
leine, aussi bien que Louise et d'autres. Après avoir perdu le boire et
le manger, à Lyon, avoir pleuré ses amers tourments, déclaré qu'il
languit dans sa détresse, ce qui n'annonce ni un vainqueur ni un con-
quérant, Olivier revient dans notre ville et M. Boy le suit au logis de
son adorée. Là, notre ami reconstitue l'entrevue des deux poètes,
comme aurait pu le faire un juge d'instruction.
   C'est un élan de-joie, c'est le bonheur pour ces deux êtres qui se sont
écrit tant de fois qu'ils s'aimaient. Ils se précipitent au devant l'un de
l'autre, se content ces éternels et charmants secrets de la jeunesse et de
l'amour; c'était le ciel ouvert pour eux.
   Louise était radieuse ; il fut passionné. Ardente, elle était ravie de
se voir ainsi aimée d'un homme si célèbre, d'un ami fidèle qui avait
vu tant de pays, couru tant de dangers, et lui revenait toujours épris.
Dans sa joie, elle se montra prête à échanger avec lui des sonnets, des
odes, à lui accorder des entrevues, à lui donner des rendez-vous, à
flirter de toute son âme, en me servant d'une expression anglaise qui
manque à notre langue. Mais Olivier n'était pas homme à se contenter
d'un si platonique bonheur. Il veut plus, il ose, il est insolent. Que se
passa-t-il alors? La femme insultée appela-t-elle à son aide? Le mari