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              LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX                       347

loups et ils ajoutent à l'infection de l'air les puanteurs
du sol.
   On regarde comme un acte de courage surhumain de
veiller au chevet de ses plus proches parents; on tient
compte à la fille de ne pas fuir sa mère, à la femme d'avoir
assisté son mari et de lui avoir fermé les yeux. Quelles
scènes déchirantes et quelles calamités, et la poésie la plus
émouvante l'emporte-t-elle ici sur la simplicité de l'histoire ?
Qu'on en juge plutôt.


                            MÉMOIRE
D'une partie des bonnes et mauvaises actions arrivées en la
  parroisse de Saint Genest de Mallifaut et manifestes à chacun
  durant la peste des années 1628, 1629, 1630, i6yi.

   La guerre, la peste et la famine sont les principaux
fléaux desquels Dieu se sert pour châtier les péchés des
peuples. En temps de repos, de prospérité et de liesse, on
oublie Nostre Seigneur. En temps de misère, de calamités,
on a recours aux vœux, aux prières et aux bonnes œuvres,
et il n'y a que les obstinés qui ne fassent leur proufit des
châtiments envoyés aux mortels.
   Quarante deux ans s'étoient passés que cette parroisse
n'avoit eu la peste, et le peuple ne se souvenoit plus ni de
charbons, ni de glandes, ni de tac, ni de galloupins ( i r ) ,
ni de parfums, ni de lettres de santé, et nous ne savions


   (11) Le sens précis de ce mot me paraît être garçon infirmier ; mais il
n'est indiqué complètement dans aucun dictionnaire. Cf. du Cange,
Glossarium média et infimœ latinatis; et La Curne de Sainte Palaye,
Dictionnaire historique de ta tangue française.