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LUG EN CELTIQ.UE 121 L'étymologie « Lugdunum, colline des corbeaux », reste donc fondée sur le témoignage unique de Clitophon. On ne peut affirmer avec une certitude absolue qu'elle est fausse, mais on peut encore bien moins affirmer qu'elle est vraie. Pour qu'elle fût plus qu'une hypothèse fragile, il faudrait quelque fait nouveau, par exemple la découverte d'un texte primitif où lug serait employé au sens de corbeau. Mais il n'est pas à croire que le fait se produise. Toutes les chances sont pour que lug en ce sens n'ait jamais existé. Est-ce à dire que l'on ait une meilleure étymologie à proposer? Dieu garde! On croit seulement qu'ici, comme en tant d'autres choses, il faut se résoudre à ce mot, si dif- ficile à prononcer : J'ignore ( n ) . PUITSPELU. observer que certains mots du latin classique ont disparu dans les langues romanes. Mais cela tient à ce que les Latins, comme tous les peuples civilisés, avaient en réalité deux langues : une savante pour les lettrés, et une pour le populaire. De même, aujourd'hui, le français du paysan diffère singulièrement du français d'un membre de l'Institut. Rien d'étonnant à ce que le doublet populaire ait le plus souvent pré- valu. Mais rien de semblable n'existait pour les peuplades celtiques, et d'ailleurs nous possédons dans les écrivains de la basse latinité, et souvent dans les écrivains antérieurs, les types populaires développés en roman. De même nous retrouvons dans leurs langues primitives les mots importés qui ont, quoique rarement, chassé le terme latin. (il) L'étymologie la plus conforme aux lois phonétiques est Lug- dunum, clarus mons, « qui mettait Lyon, comme le dit M. Allmer, dans les nombreuses catégories des Clermonts auxquelles une situation analogue a donné ce nom ». La racine indo-européenne lui, lumière, (latin lux) est très vivante dans les dialectes celtiques, qui ont encore précisément la forme avec g final. M. Allmer, qui d'ailleurs repousse cette étymologie, lui trouve cependant une « satisfaisante apparence de vraisemblance ». On ne saurait dire plus juste. M. Allmer, dans cette appréciation, donne l'exacte mesure entre le trop et le trop peu.