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                    ET-DEVANT LA LOI                     37I

liberté individuelle : le même fait se reproduit toutes les
fois qu'une maladie ou une infirmité quelconque place un
individu dans la dépendance de ceux qui l'approchent, et
Ton peut prévoir le moment où l'Etat devra se substituer
entièrement à la famille.
    On peut aussi demander ce que deviendra le secret pro-
fessionnel si respecté jusqu'à présent : secret sur lequel
repose en grande partie l'honorabilité de la profession mé-
dicale. Le médecin qui traite un aliéné se verra désormais
dans l'obligation de dévoiler les confidences faites à sa dis-
crétion et à son dévouement. Nous voilà bien loin des
engagements prescrits par le serment d'Hippocrate, que
prêtaient autrefois les jeunes médecins en recevant la robe
doctorale. Supprimé pour ce qui concerne la folie, le
 secret professionnel ne tardera pas à être écarté, toutes les
fois que Ton pourra invoquer un motif plus ou moins plau-
 sible d'intérêt public.
   Le résultat le plus immédiat de cette mesure inquisito-
riale sera, évidemment, de provoquer l'émigration des
aliénés. En vain, a-t-on décrété l'obligation de déclarer
aux tribunaux tous les transferts de malades hors de France.
Cette garantie ne peut être qu'illusoire, car il est trop
facile d'éviter tout contrôle ; d'autant mieux que, d'après
la nouvelle loi, les familles peuvent garder leurs fous dans
leur domicile pendant une période de trois mois sans en
faire la déclaration, et que le secret est la première des
conditions qu'elles recherchent quand un pareil malheur
vient s'abattre sur elles.
   L'insistance, avec laquelle on a tenu à faire pénétrer la
justice au sein du foyer domestique, a été inspirée par une
préoccupation généreuse et un désir sincère de protéger les
malades incapables de se défendre eux-mêmes; mais on n'a