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                     ET DEVANT LA LOI                      299

   Là présence des aliénés au milieu de la famille n'est pas
chose indifférente. Elle constitue, au contraire, un danger
réel et permanent que l'on n'apprécie pas toujours à sa
juste mesure. Outre l'influence démoralisatrice qui résulte
des exemples et des scandales donnés par ces malades ou à
leur sujet, il faut mettre en ligne de compte les attentats
qu'ils peuvent commettre contre la société et contre eux-
mêmes.
   Il existe, à ce propos, des préjugés dont il est nécessaire
de faire justice. L'opinion publique répartit les fous en deux
catégories : ceux qui sont dangereux et les inoffensifs. Cette
distinction qui paraît si naturelle et si simple au premier
abord, est absolument fausse, car il n'y a pas d'aliénés
inoffensifs. Il n'en est pas qui ne soient exposés à accom-
plir, de la manière la plus soudaine et la plus inattendue,
des actes qualifiés de crimes ou de délits quand ils sont
commis par des individus jouissant de leurs facultés.
   Cette assertion semble paradoxale au dernier chef, car
il y a bien des malades dont les mœurs douces, le délire
paisible éloignent tout soupçon relatif à la possibilité d'une
attitude nuisible à qui que ce soit. Il suffit, cependant, d'un
peu de réflexion pour l'expliquer, quand on envisage la
situation anormale dans laquelle ils se trouvent. On ne doit
jamais perdre de vue l'état d'altération de leurs facultés et
par-dessus tout l'absence du libre arbitre. L'association des
idées s'exécute suivant une direction rendue vicieuse par
les anomalies qui se produisent dans leur origine et dont
on ne peut préciser les conditions. Les.impressions perçues
par les aliénés nous sont ordinairement inconnues ou si
nous en avons quelque notion, il nous est impossible d'en
prévoir les effets sur leurs idées et leurs déterminations. Il
n'est pas permis, non plus, d'assigner des limites aux trou-