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                           REVUE DU MOIS                             413
   >K En dépit d'une saison atroce, les visiteurs de marque ne nous ont
pas fait défaut, et tous venant des pays lumineux.
   D'abord, le cardinal Lavigerie, cet apôtre de la France sur la terre
africaine, à la voix pleine d'autorité, à l'éloquence persuasive. Un
citoyen anglais de sa valeur, qui mettait au service de la cause britan-
nique le zèle et l'intelligence qu'il déploie pour la France et la civili-
sation, verrait déposer par millions les guinées à ses pieds.

   X Puis, c'est le maharajah d'Indore, se rendant à Londres, où il va
porter ses hommages, à l'occasion du jubilé royal. Tout le monde a pu
le voir aux courses, haut de taille, de forte corpulence, avec son cos-
tume de cachemire et de soie blanche.
   Le prince voyage avec une suite nombreuse : officiers, médecins,
dames de compagnie, serviteurs de tout rang et — cinq nourrices ! Je
m'explique : ces dernières sont cinq vaches d'une espèce quasi sacrée,
qui ont le privilège de fournir seules le lait nécessaire à l'alimentation
du prince et de sa suite.

   >K Enfin, nous avons eu M. Coquelin à son retour d'Espagne. Cha-
cune des représentations qu'il donne est, vous le savez, l'occasion d'une
dépense de superlatifs s'enchaînant dans les comptes rendus des jour-
naux, de la première à la dernière ligne. Dire de lui que c'est un excel-
lent comédien, passerait presque pour une injure; il faut au moins en
faire un génie, et mieux, le proclamer le diou de la scène.

   X Dieu me garde de confondre bêtes et gens; mais je suis conduit
à citer, â la suite de ces visiteurs de haute compagnie, les nouveaux
hôtes du Parc de la Tête-d'Or : deux charmants cerfs de la Kroumirie,
envoyés par M. Massicault, résident général de Tunis. Cet envoi ten-
drait à prouver que, si les Kroumirs sont un mythe, la Kroumirie
compte au moins quelques êtres animés, et porteurs d'assez bonnes
têtes.

  >K Mieux vaudra ne rien dire de la cavalcade de la Guillotière, pen-
dant les fêtes de Pentecôte. Il est des circonstances où le silence est
d'or. Je souhaite aux organisateurs que leur succès ait été d'or aussi ;
ce serait leur seule excuse.