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                     LE COMPLOT D'ALAGON                           379

   « Si le roi a cru pouvoir fournir contre mon maître et
« contre le Sérénissime Archiduc des secours d'hommes et
« d'argent à des provinces rebelles, est-il étonnant que je
« reçoive favorablement les Français qui me viennent
« offrir leurs services? Je n'ai traité avec Meyrargues que
« sur les avantages qu'il me demandait pour passer en
« Flandre et s'attacher à l'Archiduc; Sa Majesté ne doit
« pas trouver mauvais si ce gentilhomme aime mieux ser-
« vir dans les armées d'un prince catholique, que de com-
« battre en faveur des rebelles et des ennemis de sa reli-
« gion. Depuis les derniers traités de paix, la France a fait
« plusieurs entreprises sur les Etats de l'Archiduc : elle a
« tâché de pénétrer jusqu'en Espagne; elle a sollicité les
« Morisques de prendre les armes ; elle a excité à la révolte
« l'Aragon (3) et la Catalogne, comme on l'a appris par
« les dépositions de ceux qui ont été à ce sujet punis du
« dernier supplice. Depuis peu, la Boderie, ambassadeur
« de France à Bruxelles, a fait tous ses efforts pour gagner
« les comtes de Berghe et les attirer en France; on a
« même tâché de corrompre par des offres considérables
« la fidélité d'un secrétaire. Le roi, mon maître, et l'Archi-
« duc ont dissimulé toutes ces injures; ils n'en ont fait
« aucune plainte, ils n'ont même demandé aucun dédom-
« magement. »
   Il finissait en suppliant Sa Majesté très chrétienne de lui
rendre son secrétaire, avec protestation, si l'on refusait une
demande qu'il croyait si juste, de faire retentir dans toute
la chrétienté ses plaintes sur un outrage dont son maître ne



  (3) Plus tard, La Force, ambassadeur à Madrid, écrivait au roi « qu'il
avait tenté sans grand succès les mécontents de ces deux provinces. »