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380                LE COMPLOT D'ALAGON

souffrirait pas l'impunité. Le roi, que ce discours émut,
répondit lui-même à Zuniga : « Depuis la paix de Vervins,
« les Ministres Espagnols se sont comportés de telle sorte
« à la Cour de France, que j'ai lieu de douter de la bonne
« volonté et de la sincérité de leur maître. Ainsi, je n'ai
« pas cru devoir abandonner ces peuples que vous appelez
« rebelles, et qui m'ont secouru lorsque l'Espagne me fai-
te sait une guerre cruelle. Lorsque cette couronne ambi-
« tieuse est prête de les accabler, ne dois-je pas leur rendre
« ce qu'ils m'ont prêté, et leur témoigner quelque recon-
« naissance des services importants que j'ai reçus d'eux ?
« Ces peuples, à qui vous donnez le nom odieux de rebelles,
« ne le sont plus : leur succès et leur puissance ont justifié
« leur conduite : l'Espagne ne doit imputer qu'à elle-même
« la perte de ces florissantes provinces ; son ambition et le
« désir de s'agrandir aux dépens d'un prince voisin, lui ont
« été funestes. Trompée par une fausse espérance de s'em-
« parer du trône de France, elle a abandonné les Pays-
ce Bas. Tandis que pour porter la guerre dans ce royaume,
« elle laissait ces provinces sans chefs et sans soldats, les
« Hollandais ont étendu leurs frontières et ont profité du
« repos où on les laissait pour former leur République; en
« sorte que bien loin de devoir être aujourd'hui regardés
« comme rebelles, ils doivent être considérés comme des
et peuples indépendants et libres, sous le titre glorieux
« d'États-Généraux. Ils font, à leur gré, et la paix et la
« guerre, et leurs Ministres sont reçus dans toutes les
« Cours des princes voisins, en France, en Allemagne et
« en Italie. Il est vrai que leur salut m'a toujours été cher,
« et que j'ai fait quelques efforts pour empêcher que le joug
« espagnol les accablât : mais n'était-il pas de mon intérêt
« d'en agir ainsi? Depuis la dernière paix, je ne leur ai