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378 LE COMPLOT D ' A L A G O N moment une rupture avec l'Espagne, et dans toute cette affaire, il lui fallut agir avec infiniment de précaution, d'autant plus que Zuniga réclamait son secrétaire, et pré- tendait qu'on violait le droit des gens, en lui faisant subir les rigueurs d'une procédure criminelle. A cela, Henri IV répondait : « Les ambassadeurs sont sacrés par le droit des « gens; or, ils le violent les premiers, quand ils trament « quelque chose contre l'État ou contre le Prince auprès « duquel leur maître les a envoyés : par conséquent, ce « droit ne doit point les mettre à couvert de la recherche « et de la punition. D'ailleurs, il n'est point à présumer « qu'ils soient ambassadeurs et qu'ils représentent le sou- « verain qui les envoie, lorsqu'ils font des laschetés et des « infidélités, lesquelles ils ne voudraient pas faire ni avouer. « Toutefois, il y a plus de générosité à n'user point en cela « de la dernière rigueur, mais de se réserver cet avantage « de pouvoir châtier sans le faire. » « Et à ce propos, comme notre Henri savoit assez bien « l'histoire, il alléguait cet exemple du Sénat romain, qui, « ayant découvert que les ambassadeurs Allobroges étoient « impliqués dans la furieuse conspiration de Catilina, se « contenta de leur commander qu'ils eussent à sortir de « Rome. » (Péréfixe, Histoire d'Henri-k-Grand.) En même temps qu'il prononçait ces mots, le roi don- nait l'ordre de cesser toute procédure contre Bruneau et était sur le point de le renvoyer à Zuniga, lorsque ce der- nier intervint lui-même. Toute sa harangue, ou plutôt sa suite d'invectives et de menaces est à citer, quand ce ne serait que pour montrer jusqu'où pouvait aller le droit de remontrance, et la froide patience d'Henri IV.