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LA PESTE A SAINT-GENEST-MAL1FAUX 339 Les sentiments exprimés par les visiteurs sont admirables ; on ne sait vraiment que louer davantage de leur simplicité ou de leur foi, de leur bonheur ou de leur générosité. Leur naïf langage prête à toute la scène un charme attendrissant. Le vers n'est pas trop mal tourné : O grand Roy ! quoy qu'Enfant et grand Dieu tout ensemble Fermement je le croy, bien qu'il ne me le semble : Pour tel je vous adore et d'un petit présent Je vous viens reconnaître pour un Dieu Tout-Puissant, En y joignant mon cœur, ma vie et mon service : Recevez, je vous prie, cet humble sacrifice Nous sommes tous ravis en regardant ce lieu Et d'y voir arrestée la présence d'un Dieu De sçavoir que ce Fils est nay cette nuictée Et qu'il ait l'apparence d'avoir plus d'une année. (9). Pasteurs et pastourelles, complimentés par la Vierge Marie et bénis par son divin Poupon, s'en retournent en chantant; ils répandent partout avec leur enthousiasme la bonne nouvelle et rencontrant près de la tour d'Ader quel- ques-uns de leurs compagnons, ils les engagent à se rendre à leur tour à la crèche, pour être témoins du prodige qu'ils ont vu les premiers. Mais ayez des yeux humbles pour bien l'appercevoir, Car ce divin Enfant cachera sa puissance A ceux qui tout mesure par l'art de leur science. (9) L'origine de cette légende singulière, mais évidemment apo- cryphe, nous échappe. Nous serions curieux de connaître où facquemin emprunta l'idée de donner à Jésus, né dans la nuit, la taille d'un en- fant d'un an.