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BIBLIOGRAPHIES LYONNAISES 319 Aujourd'hui, l'auteur des Tard-Venus ne présente pas seulement au public une collection de textes, bien qu'il en donne, en « pièces justi- ficatives » la valeur d'un gros volume; il a écrit une page de l'histoire de France en même temps que de l'histoire de la cité lyonnaise. On peut non seulement suivre dans son livre, fait avec une conscience poussée aux dernières limites, les vicissitudes de treize années, de 1356 à 1369, mais on peut encore se faire une image de l'état social au temps qu'il décrit, ce qui est, en définitive, le but de l'histoire. Ajou- tons qu'il a tout tiré de son propre fonds, de ses recherches person- nelles, car jusqu'ici tous nos historiens lyonnais se sont contentés de copier dans Froissard le récit de la bataille de Brignais, ou tout au plus d'étudier de près ce récit, mais sans vues plus générales. A peine l'importante occupation d'Anse, par Seguin de Batefol, fait-elle l'objet d'une mention. Il est véritablement étrange que, jusqu'à M. Georges Guigue, cette période de l'histoire de nos provinces ait tenu si peu de place dans les annales lyonnaises. Le récit de cette période, M. G. Guigue l'a fait comme peu de personnes le pourraient faire, unique- ment en se fondant sur les documents conservés dans les dépôts publics, non seulement dans ceux du département et de la ville, qui étaient à sa disposition, mais encore dans ceux de la Côte-d'Or et de l'Ain et des Archives nationales. Il a tout fait sans rien livrer à l'hypothèse, ni à la thèse, pire que Fhvpothèse. Il a tenu à incarner l'érudit dans l'historien. Ce n'est pas une histoire joviale que celle de ce « bon vieux temps! » On se plaint, et à juste titre, de ne pouvoir trouver le repos social, et comme l'Israël de David « se reposer sous sa vigne et sous son figuier ». Nous vivons constamment menacés par les guerres, les bouleversements politiques, les krachs, les jacqueries que nous font entrevoir d'aimables démocrates, qu'on laisse en paix préparer leur petite besogne dans les réunions publiques, les associations, voire les syndicats. Mais nous sommes sur un lit de roses, au prix de ces époques où le meurtre, le viol, le pillage, la rançon, la famine, l'impôt dévo- rant capital et revenu, constituaient l'état « normal », et où nul n'avait ombre de sécurité que derrière des remparts. Mieux vaut encore être citoyen de Lyon en 1887 qu'en 1357. La marche dévastatrice des bandes de la Grande Compagnie dans le Lyonnais, le Forez et le Beaujolais ; les mesures de défense, les em-