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LE COMPLOT D'ALAGON 3 II assuré, que « c'était là le temps de Meyrargues ? » Certes, Philippe III savait cela, et il se débarrassa à peu de frais de ces conspirateurs de comédie, en ayant même le talent de paraître généreux. Il leur dit « que six cents hommes tués « n'était pas une compensation à une guerre nouvelle, « qu'il craignait des troubles dans son propre royaume, et « de nouveaux attentats sur sa personne. Il ne savait point « dérober la victoire, les embuscades n'étaient bonnes « que pendant la guerre, et il fallait bien se donner garde « de contribuer à l'infraction qu'avaient dessein de faire les « ennemis de la France. » Heureuse Espagne, si ce langage sincère avait toujours été celui de ses rois ! Malgré ces belles paroles, malgré les idées pacifiques de Philippe III et du duc de Lerme, son premier ministre, les rapports des deux puissances étaient aigres et tendus. Des deux côtés, une hostilité sourde, de petites chicanes, des taxes prohibitives, des secours envoyés par la France aux Morisques rebelles, par l'Espagne aux restes de la Ligue et aux mécontents français. Ce qui donnait cette vitalité à ces derniers et une certaine force dans l'opinion, ce n'étaient pas seulement l'argent et les hommes qui venaient d'au- delà des Pyrénées, c'était l'appui tout moral qu'ils trou- vaient dans le pape. « Ce boute-feu de nos guerres, collègue, coadjuteur et partisan d'Espagne, » n'aimait pas Henri IV, ne croyait pas à la sincérité de sa conversion, et par dessus tout, masquait trop peu la préférence qu'il portait à Philippe III. Aussi, quoiqu'il fût souvent le médiateur écouté entre les deux puissances, à propos de Saluces, des prohibitions maritimes, etc., il ne fut guère épargné par les pamphlets du temps, et l'un deux, le Francophile (1605- 1606), n'hésite pas à déclarer « qu'il n'y a point d'appa-