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312                LE COMPLOT D'ALAGON

«  rence de ne plus craindre sa puissance ni ses censures :
«  il a effacé, par sa manifeste invasion contre la monarchie
«  de France, tous les caractères de son apostolat et de sa
«  vocation. » Le pape, c'était Paul V Borghèse.
   Ainsi, pour tout mécontent qui regrettait la Ligue, pour
tout catholique ennemi d'un roi huguenot, pour tout ambi-
tieux avide de se tailler en France une principauté, deux
appuis, le pape et l'argent espagnol.
   D'un autre côté, pour tout sujet fidèle, pour tout vieux
serviteur, des pensions, des honneurs et l'amitié d'Henri IV.
On comprend que Meyrargues, cet homme léger et variable,
Meyrargues, dont le cœur était meilleur que la tête, ait passé
son existence entière à hésiter entre le devoir et la trahison.
Mais sa vie allait entrer dans une phase nouvelle : le fac-
tieux disparaissait, l'honnête homme prenait le dessus.
Cette transformation, il la dut à Charles de Lorraine, duc
de Chevreuse et de Guise, qui conserva pendant dix-neuf
ans le gouvernement de la Provence, où il sut se faire
aimer, autant par sa bienveillance que par sa fermeté. Or,
de nombreuses alliances unissaient les maisons de Guise et
de Joyeuse; Mlle de Moùy avait successivement épousé le
duc de Joyeuse et Henri de Lorraine, et par Catherine de
Joyeuse, femme de Claude Berton de Crillon, les Guises
étaient parents du « brave » ami d'Henri IV et de sa famille.
Ce fut une des filles de cette maison, Marie Berton de
Crillon, qu'épousa Meyrargues. Aux nobles alliances de ses
ancêtres, il en ajoutait ainsi de plus belles encore, et pou-
vait à son gré se pousser à la Cour, ou rester l'un des pre-
miers de sa province.
   A ce moment, Charles de Guise, qui avait fermé les yeux
sur le factieux, les ouvrait sur le parent. La faveur venait
trouver Meyrargues, les honneurs pleuvaient sur lui, et les