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292        LA PHSTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX

et comme dans l'Évangile, une troupe d'esprits célestes se
joint au messager et ils chantent ensemble le Gloria in
excelsis.

                                                   J.-B.     VANEL.

         (A suivre.)


            Mes cris furent si grands joints avec ses abois
            Que nous fismes respondre tous les échos des bois ;
            Un Berger là d'auprès suit avec sa holette
            Pour sauver, s'il eust peu, ma pauvrette brebiette ;
            Je court aussy après, laissant à l'abandon
            Troupeau, fuzeau, quenouille, et mesme mon baston.
            Mes yeux chargez de larmes et toute désolée,
            Mais quelque peu après je me vy consolée :
            Car ce Berger me dit que mon brave Marpaut
            Leur avoit fait quiter ma brebis d'un plain saut
            Qu'il avoit veu fuyr, se voyant délaissée,
            Mais il ne sçavoit pas si elle estoit blessée *.
            Mous la cherchons partout à lorée du bois
            Et toujours je l'appelle de ma pleurante voix,
            Enfin je l'apperçois, couchée de la sorte
            Qu'elle sembloit du tout à une brebis morte
            Mais me reconnoissant elle perdit sa peur
            Et la voyant sans playes je perdis ma douleur.
            Je la baise cent fois, et puis je la remporte,
            Rendant grâces à Dieu qu'elle ne soit pas moite.
            Quand mes autres brebis la virent de retour,
            Elles luy tesmoîgnerent mil signes d'amour,
            Et de leurs béellements font une voix hautaine
            Q u i fit lors retentir et les bois et la plaine.
            Cette cérémonie fit que tous mes forts bellîers
            Furent en jalousie, lesquels seroient premiers
            Quatre se reculans obligent autres quatre
            A en faire de mesme. pour après se bien battre,
            Et leur premier rencontre fut bien si violent
            Que le choc de leurs testes fit rejaillir le sang.
            Ils alloient bien pis faire à la seconde jouste,
            Mais de peur d'une guerre je les mis en déroute.
             lucontinant Marpaut revint tout glorieux
            D'avoir contre les loups esté victorieux,
            Les ayant tant battus avec tant de courage.
            Que jamais mes brebis n'en recevront outrage.
            le retiens cett' histoire pour ra'accroistre le soin
            D'estre de mon troupeau toujours plus près que loin.