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LA PESTE A SAINT-GENEST-MAL1FAUX 291 Les heures s'écoulaient ainsi, abrégées par d'agréables causeries, lorsque dans une soudaine clarté, « comme si l'aurore revenait », un ange apparaît et annonce le miracle accompli cette nuit-là . Allez, leur dit-il, au berceau, Quittez là vos troupeaux sans vous en mettre en peine, Les larrons et les loups sont loin de cette plaine ; serves. Ces sortes d'accidents devaient être fréquents dans la montagne. L'INVASION DES LOUPS RÉCIT DE NOEMY, BERGÈRE L'autre jour, un matin, en gardant mon troupeau, Et que je commençois à tourner mon fuzeau, Quand l'aurore chassoit les ténèbres epesses Pour montrer l'œil du Ciel avec ses blondes tresses, Que mon mastîn lassé des veilles de la nuîct Reprenoit son repos comme chien mal instruit Tandis que mon troupeau secouoit les perlettes Que la rosée avoit epars sur les herbettes Que les oyseaux prenoient encor leur premier Vol Et que Tader bien loin jouoit ja du flageol, Que ma rousse brebis comme la plus friande, A qui un bon mourceau dessus la peur commande C'estoit trop avancée, quand mon bélier rousseau Frape du pied en terre pour signal au troupeau, Que le loup estoît la, et que l'on se prist garde Ou qu'on gaignast au pied d'une crainte fuyarde ? Je lève en haut les yeux et je vy deux grands loups Qui venoïent cautemeut a couvert par des hous Pour surprendre la proye avec leur grande gueule Et me rirent trembler car j'estois toute seule : Je fis un cry soudain, et mon vaillant Marpaut En s'esveillant s'eslance d'un si merveilleux saut Que les pierres jettées par ses pieds de derrière Me blessèrent les jambes jusqu'à la jarretière, Et s'encourt vers les loups, maïs las ! c'estoit bien tard, Car de mes brebiettes ils s'estoient fait leur part ; L'un l'emportoît premier, l'autre pour sa defence Suivoitun peu après d'une affreuse asseurance ; Marpaut de son épaule le terrasse soudain, Et s'encourt dessus l'autre qui estoit ja bien loin