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288          LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX

Préoccupé par l'idée théologique de l'attente universelle
d'un Rédempteur, le poète a cherché à en signaler les
caractères chez les Romains et chez les Juifs.
   Auguste vient de donner la paix au monde ; il délibère
avec ses familiers, Mécène, Agrippa et avec les consuls
Lentulus et Messalinus ; descendra-t-il du trône ? Repren-
dra-t-il le cours de ses conquêtes ? Que vaut-il mieux,
abdiquer ou marcher à de nouveaux triomphes ? L'endroit
était tout indiqué pour un éloge de la paix; un des inter-
locuteurs n'y manque pas et il exprimera mieux encore ce
que pense tout bas l'assemblée qui l'applaudit que les sen-
timents des contemporains d'Octave.

        Si la guerre eust duré, le pauvre laboureur
        Allait estre réduit à une grand' langueur ;
        Les champs estaient en friche, car les fâcheux gens d'armes
        Ne luy laissoit plus rien que ses yeux plains de larmes ;
        Le marchand n'osoit plus les foires fréquenter,
        Les champs abandonnés on n'osoit habiter,
        Ce n'était que méfets, que trahisons, que rage,
        Que prinses, que réponses, que combats, que carnage.


   L'Empereur se décide à conserver la couronne, et pour
remercier les Immortels, il dédie un temple au Fils aîné de
Dieu. Libre aux courtisans de croire que son apothéose est
commencée. En même temps, il ordonne un recensement
général; c'est l'édit auquel saint Luc fait allusion.
   Tandis que sur les bords du Tibre et au pied du Capi-
tale, on se réjouit de la tranquillité générale, les juifs
pleurent leur liberté en deuil et leur pays humilié sous le
joug de l'étranger. Le Messie pour eux sera le libérateur.
Un raby, patriote irréconciliable, est l'interprète auprès de
saint Siméon de ces plaintes et de ce désespoir. Le vieil-