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             LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX                     289
lard, rempli au contraire d'une confiance surnaturelle, lui
reproche, en termes plus que vifs, ses défaillances et ses
murmures. La situation est exactement semblable à celle
qui ouvre la première scène d'Athalie, entre Joad et Abner.
Mais le génie de Racine est bien loin : voici cependant
quelques vers de l'entretien :


        O grand Dieu des armées, il semble qu'en nos jours
        Ta dextre très puissante nous laisse sans secours?
        Il semble que tu ayes oublié ta promesse,
        Faite à Abraham avec tant de fermesse?
        Il semble qu'Israël ne soit plus ta maison,
        Ou que ta grand' puissance se soit mis en prison?
        Que ton vray Christ frustrant nostre espérance
        Ne descendra jamais pour nostre délivrance?
        Ainsi nous refusant ton amour, ton pouvoir,
        Il ne nous reste plus qu'un cruel désespoir.


  Et ce cri bien naturel :


        Comment pourrais-je rire parmy tant de malhenrs
        Ne voyant à nos portes qu'un tas de gabelleurs.


   La naissance de Jésus remplit tout l'acte suivant.
   Saint Joseph, arrivé à Bethléem, a été successivement
repoussé par un tailleur, par un riche avare, par un hôte-
lier; les uns et les autres se sont moqués de sa détresse et
lui ont donné de bons conseils au lieu de lui offrir un gîte.
Il n'a trouvé


             Qu'une caverne proche du grand portail
        Qui sert d'establerie quelques fois au bétail.
        N« 4. — Avril 1S87.                                  ig