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LA PESTE A SAINT-GENEST-MALIFAUX 287 Le théâtre fut dressé sous le grand orme de la place publique, auprès de l'église, les cloches sonnèrent l'ouver- ture, le clergé était au premier rang. Les décors durent être plus que modestes, mais jamais spectateurs ne furent plus portés à l'indulgence. La leçon morale à tirer de tout ce qui se dit et de tout ce qui se passe est parfaitement claire; en divers endroits, elle est même nettement proposée : le sort des bergers est par dessus tout estimable ; la Providence les bénit et les choie, ils sont les privilégiés, la preuve est qu'avant tous les autres ils ont été appelés à la crèche de l'Enfant Jésus. Le Sauveur ne se révèle ni aux riches ni aux puissants, il préfère les petits et les humbles. Le fond et les détails, tout est arrangé pour mettre en lumière ces prédilections divines. La pièce s'ouvre par un long prologue, exposé complet et dogmatique de l'histoire religieuse, depuis la création et la faute du Paradis jusqu'à l'apparition du Messie. Le sujet est ainsi annoncé : Or, l'un de ces Mystères nous avons résolu Vous le représenter, comme il est advenu ; Vous verrez tout premier ce grand César Auguste, Qui presque tous les peuples à son désir adjuste ; Vous verrez les parents d'un Dieu fait enfançon Laissés des grands du monde d'un estrange façon ; Vous verrez cet Enfant naîstre dans un estable Luy estant refusé tout autre lieu sortable Ce sont ces Bergerots que nous vous ferons voir Sur ce petit théâtre selon notre pouvoir. Le premier acte se passe à Rome dans le Palais impérial e&le second sous les portiques du temple de Jérusalem.