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LE COMPARTIMENT D S FUMEURS E A gare du Mans a une animation particulière que la nuit n'interrompt pas. Aussi s'est-il établi, aux abords de l'embarcadère, toute une population de buvetiers et d'hôteliers, dont les établissements ne ferment jamais. En ce temps-là , il y avait plus que de l'animation; c'était de l'encombrement. La guerre venait d'être déclarée à la Prusse, et, aux points de jonction comme le Mans, on voyait affluer les convois de militaires rappelés et de gar- des-mobiles, les trains chargés de matériel de guerre et ceux qui emmenaient les fuyards, peu nombreux encore. Tout cela circulait avec un médiocre souci des règle- ments. Voyageurs et réservistes montaient indifféremment dans les voitures de n'importe quelle classe ; les trains par- taient quand la voie était libre, s'arrêtaient lorsqu'il y avait impossibilité d'avancer et arrivaient pourtant sans que vous pussiez les accuser de retard, puisqu'il n'existait plus d'heure précise pour le départ ou pour l'arrivée. Au milieu de ce tumulte régnait un entrain et, quoi qu'on en ait dit depuis, un sentiment de confiance général. Aux stations, des groupes de femmes de toutes conditions s'ap-.