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                      LE PÈRIi DE LA CHA1ZK.                          491)

réunit ce qui était séparé, disjoint ce qui était uni, éventre une
citation en lui arrachant quelques mots essentiels, omet ce qui
précède, s'arrête à temps devant ce qui suit comme devant sa
condamnation, prête aux Jésuites des citations d'autres auteurs
qu'ils réprouvent, présente des propositions et des sujets de
thèse, simple exercice de dispute qui a toujours existé et existe
encore dans les séminaires et les universités, comme l'expression
des véritables sentiments de la Compagnie ; commente, inter-
prête, donne le change         traite des questions qu'il n'entend
pas, se trompe ou veut se tromper sur certaines opinions théo-
logiques encore admises dans l'école ; appelle l'erreur la vérité
lorsqu'elle est favorable au jansénisme, et la vérité l'erreur
lorsqu'elle le condamne (1). »
   Ainsi, tous ces Jésuites simoniaques, hypocrites, voleurs,
banqueroutiers, usuriers, calomniateurs, schismatiques, assassins,
régicides, contre lesquels Pascal épuise sa verve éloquente et ses
plus amers sarcasmes, se réduisent à quelques casuistes qui se
sont égarés, il est vrai, sur des questions spéculatives très-ardues,
mais dont les erreurs furent bien plutôt une aberration d'esprit
qu'un parti pris de détruire les notions morales. Les Papes, au
reste, ont condamné ces erreurs lorsqu'elles leur ont paru dan-
gereuses, et les Jésuites, bien loin de se rendre solidaires de ces
opinions erronées, en ont poursuivi eux-mêmes plus d'une
fois la condamnation. Nous pourrions citer, en autres, la censure
prononcée en 1610 contre Mariana, le célèbre historien de
l'Espagne, qui fut appliquée à la sollicitation des Jésuites de
France.
  Quant à soutenir que la Compagnie de Jésus a une doctrine


   (1) Pascal, sa vie et son caractère, etc., par M. l'abbé Maynard, 2 vol.
in-8°, Paris, 1850, t. \er, p. 463. — Autre ouvrage du même écrivain,
dans lequel Pascal est étudié avec soin et méthode sous tous ses aspects,
comme savant, comme polémiste, comme penseur, comme apologiste de la
religion chrétienne. Quoique nous ne partagions pas quelques unes des
appréciations de M. l'abbé Maynard, son livre n'en est pas moins, selon
nous, une œuvre très-importante et utile à consulter.