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BIBLIOGRAPHIE. 423 naise a des réminiscences "grecques et des termes empruntés à l'Italie. » Cette question de la prédominence du langage a besoin d'être étudiée sérieusement, et peut-être, après avoir pesé les raisons que l'on peut faire valoir en faveur du nôtre, ceux qui le traitent avec le plus de mépris seraient bien près d'adopter les conclusions de M. Bard, conclusion qui s'étend même au patois. « Le dialecte populaire du département, parlé encore aujourd'hui dans les campagnes de l'ancien Lyonnais (ajoutons et du Beaujolais), dérive de 1» langue Romance modifiée. Il est imagé, vif, plein de traits : il s'associe à beaucoup de mots d'origine grecque, italienne, gauloise Les patois et les costumes sont les sceaux des variétés de types et de races, et les sauve- gardes de l'esprit local et do famille. » Ceci nous remet en mémoire le grammairien Etienne Molard et son opus- cule intitulé : Lyonnoisismes, publié pour la première fois en 1792, à Lyon, chez l'auteur, rue Masson (1), dans lequel il avait assemblé par ordre alphabétique les expressions de notre langage, vicieuses selon lui, et dont il indiquait la correction. M. Molard né à Lyon, y mourut le 6 mars 1825, à 65 ans, fut fondatcui du cercle littéraire en l'an XIII et directeur de l'école secondaire du midi. M. Molard attaquait : 1° des termes spéciaux qui servent à désigner des objets en usage dans notre province, et en cela il avait tort, ces termes n'ayant pas de synonymes équivalents dans la langue officielle, de même que certaines expressions dulangage familierqui, sans être indispensables, ont le mérite de l'énergie et d'une origine scientifique ; 2° des mots français mais corrompus par une prononciation fautive et des tours de phrase en hostilité avec la grammaire, et en cela il avait raison. 11 aurait pu ajouter que ce défaut provient non pas de la province, mais d'une instruction incomplète, et qu'il est plus commun à Paris qu'à Lyon. A Paris, la diction à la mode émane non des souvenirs de l'antiquité, mais de la fantaisie très-variable d'un monde subalterne, et l'on se moque de certains mots très-français et consacrés par l'académie, tels que ceux de miche de cho- pine et de vergettes, parce qu'ils ont déplu à des valets de chambre ou à dés garçons de restaurant ; nos expressions canuses au contraire ont souvent une origine illustre, sont des onomatopées fort littéraires et non le produit de l'imagination avinée d'un batteur d'estrade. M. Brèghot du Lut dans ses Mélanges, a traité le même sujet, et ajouté beaucoup de mots et d'étymologies au diclionnaire de M. Molard. Quelque jour nous entreprendrons la contre-partie de ses censures en montrant la (1) ïl y a une Ve édition nubliée en 1810, 6ous ce titre: I,B MAUVAIS I.ANGA«K COUBIGK.