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ES PROVINCE. 397 temps et toutes les ruses homicides du métier de bretteur. Enfin, dans une tierce le brave jeune homme reçut de son adversaire un coup de fleuret qui lui traversa la cuisse de part en part. Les témoins intervinrent pour arrêter le combat. N'eussent-ils pas mieux fait de commencer par où ils finissaient? Je vous laisse à penser quelle douleur pour la famille et surtout pour la mère de Ludovic, quand elle vit le pauvre jeune homme rentrer à la maison porté sur une civière ; ses vagues pressentiments, lors- que son fils l'avait quittée quelques heures auparavant, ne l'a- vaient donc pas trompée Y Le poète l'a dit : On ne trompe jamais les yeux Ni le cœur d'une mère. Heureusement, la blessure n'avait rien de grave ni d'inquié- tant : au bout de quelques jours la plaie était cicatrisée. IV. On vient de voir quelles furent pour le jeune Ludovic de Coulanges, les conséquences d'un plagiat sans conséquence. C'est un avis aux geais novices qui seraient tenter de se parer des plumes du paon. Dans cet affaire de duel, le plus malheureux n'était pourtant pas Ludovic, atteint si profondément par l'épée de son adversaire, c'était celui qu'avait favorisé le sort des armes.Celui-là croyait avoir enfin rencontré l'ennemi qu'il cherchait depuis deux ans, comme le chevalier de la Manche courait après les moulins à vent pour les combattre. Jugez du désappointement du vainqueur, lorsqu'à la suite du combat les témoins lui eurent appris la méprise sur le terrain même de sa victoire. Tout pour lui était donc à re- commencer dans cette longue et piteuse Odyssée d'un mari à la recherche de son rival chimérique ; notre homme le disait à qui voulait l'entendre, quand une circonstance fortuite vint lui révé- ler, à n'en pouvoir plus douter, quel était le véritable auteur de la fable, cause innocente de ses tribulations et leur dénouement