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362 DES PEINTURES QUI DÉCOHENT nous pouvons retrouver aujourd'hui les costumes ecclésias- tiques, militaires ou civils, les formes exactes et certaines des ustensiles, des meubles, des armes, des outils dont chaque e'poque a fait usage. Une étude attentive permettrait peut-être de reconstituer, d'après les manuscrits, une his- toire progressive des diverses industries. L'intérieur de la maison de saint Joseph a été souvent reproduit dans les livres de prières : les scies, les rabots et autres outils qui le garnissent sont invariablement dessinés d'après ceux du jour ; l'artiste copiait servilement ce qu'il voyait chez le charpentier de son voisinage, sans jamais se préoccuper de ce que pouvait être l'atelier de Nazareth. Dans les livres de liturgie, on peut observer les modifica- tions successives apportées aux cérémonies ecclésiastiques. Les fonts baptismaux ont subi de nombreux changements de forme, ainsi que les ostensoirs et généralement tout le mo- bilier et la vaisselle d'église. Les livres sur l'art militaire, sur la médecine ou les sciences occultes , offrent de curieuses observations à re- cueillir. La peinture exacte d'un laboratoire d'alchimiste en apprendrait plus qu'un gros livre. Il est une foule de renseignements qu'il ne faut pas demander aux monuments de marbre ou de bronze et que peuvent nous fournir les manuscrits enluminés. Mais ce n'est pas seulement pour la connaissance des objets matériels que les peintures des anciens manuscrits doivent être attentivement étudiées : souvent on trouve dans les vieilles poésies ou dans les chroniques des passages dont l'interprétation embarrasse, des descriptions qui étonnent, ou des faits qu'on interprète mal, faute de connaître la manière de vivre d'alors. Ces scènes d'intérieur, prises sur nature et comme daguerréotypées, sont de précieux commentaires qui nous restent pour expliquer les vieux auteurs.