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Mi                            5AÃ>LES.
Cicéron, dont le génie s'élevant jusqu'à l'unité divine et au dogme
de l'immortalité de l'âme, ne pouvait néanmoins deviner cette
chaîne sublime d'amour qui lie le Créateur à sa créature et adoucit
pour la pensée humaine les formidables sommets de l'infini !
Mais la mort, il est vrai, délivrait alors les hommes de bien de
la vue des calamités de leur patrie, et Caton l'avait volontaire-
ment cherchée à Utique.
   Minturne n'a plus que quelques pans de murailles croulantes,
non loin du Liris aux eaux grisâtres et des marais qui donnèrent
asile au farouche Marius. A la poste qui suit, Sainte-Agathe, nous
avons dû déjeuner sans boire, faute d'eau et de vin potables, malgré
le voisinage immédiat des fameux vins célébrés par Horace. Un
de nos compagnons de voyage nous répétait, afin de donner le
change à sa soif, les vers où le lyrique latin vante le csecnbe,et nous
versait ainsi comme une sorte de nectar en peinture ou en souve-
nir. On assure qu'aujourd'hui ces vignobles produisant le meilleur
falerne appartiennent à des banquiers anglais établis à Naples.
   Nous avons vu sortir d'une maisonnette de très-pauvre appa-
rence, située au pied des illustres coteaux, un petit garçon de
sept à huit ans, vêtu de haillons, selon la coutume du pays ; il
s'est mis à suivre notre voiture en courant, dansant et chantant
 à la fois. Sa voix était excessivement mélodieuse, et la danse
 dont il l'accompagnait semblait improvisée sur l'air d'un mode
 doux et plaintif qu'il chantait. Ses mouvements cadencés avec une
 grâce enfantine, beaucoup de naturel et de simplicité avaient en
 même temps du charme, de la naïveté et une sorte de morbi-
 desse. Nous lui avons donné de bon cœur quelques petites
 pièces, et pour remereîment, il nous a jeté des baisers. A ja-
 mais innée en Italie, la poésie y est aussi de tous les âges et de
 tous les rangs.
    Les plaines fertiles de la Campanie ne m'ont pas consolée de
 ne plus voir la mer, et jusqu'à Naples, j'ai regretté Mola di Gaëte
 et Terracine.
    Comme pour m'empêcher de mêler mes premières impres-
 sions en face du beau golfe de Parthénope avec le prosaïsme
  des tracasseries de la douane, des ennuyeux détails insépara-