page suivante »
A M. VICTOR DE LAPRADE. 307 Feraient, en s'approchant, frissonner les roseaux ; Et du limpide lac, une lame azurée Baiserait les pieds nuds de la vierge adorée. En me laissant aller au charme de tes vers, Ainsi je graverais tes poèmes divers... Des œuvres de l'esprit l'illustre aréopage Marquerait ces beaux vers brillant à chaque page, Eclos malgré le bruit des métiers de Jacquard, Et que n'a pu ternir l'épaisseur du brouillard. Dans ce tableau, ta mère aussi serait présente, Pour goûter de plus près ta victoire récente ; Le sourire à la bouche et des pleurs dans les yeux, Ta mère descendrait de la voûte des cieux, Et le front ombragé de ta palme nouvelle, Un auguste vieillard, de sa voix paternelle Te dirait : 0 mon fils ! je suis content de toi ; Je lègue à ma patrie un fils digne de moi ! D'amis, d'admirateurs une nombreuse troupe... Mais tous ne tiendraient pas sur les flancs de ma coupe.., En attendant le jour où ce travail fini Peut-être égalera l'œuvre de Cellini, À défaut du nectar d'un ciel imaginaire, Versons un vin réel dans le cristal vulgaire. Messieurs, et saluons dans un toast cordial Le poète penseur épris de l'idéal. Ces vers, où le talent de M. de Laprade est si heureuse^ ment apprécié, ont terminé dignement une fête dont l'Aca- démie gardera longtemps le souvenir. DARESTE DE LA CHAVANNE, Secrétaire-Adjoint de l'Académie,