Revue du Lyonnais » série 2 - n°16 ( 1858 ) » pp.274

274                   L.l'. B0,\ tîKSRK.

Du corps et de l'esprit ressusciter la grâce.
Vous ne vous doutez pas que je combats surtout,
Vieux chevalier courtois, en faveur du bon goût.
Pouvez vous bien subir cet usage barbare
Qui, donnant si souvent la victoire au cigare,
Impose aux beaux messieurs l'impertinent devoir
De quitter le salon, pour aller au fumoir?
Progressant, chaque jour, d'un pas dans le sans gène,
De toute retenue ils briseront la chaîne,
Et peut-être bientôt leur cigare vainqueur
Remplira le salon de brouillard et d'odeur.
Au lieu de fulminer de justes anathèmes,
Vous vous résignerez et fumerez vous-mêmes;
Mais alors le bon goût cédera le terrain
Au bon genre empressé de secouer le frein :
La folie aussitôt, régnant en souveraine,
Contre le sens commun satisfera sa haine,
Et ce que nous verrons de luxe et de fracas,
J'ai beau le présumer, je ne devine pas.

Je crains bien qu'à ce temps de folie et de honte,
Le ciel envoie un jour son règlement de compte.
On ne se conduit pas au gré d'un vain désir :
L'exemple de l'histoire éclaire l'avenir ;
L'horizon paraît beau ; mais vous tournez la page,
Et le tonnerre gronde au milieu d'un orage.

                              P. StlKT-OilTr.