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270 LE BON GENRE. Au lieu de s'amarrer sur une belle rive, Sur une heureuse terre à l'abri du danger, L'esquif sombre en un gouffre, avec son passager. Factures de tailleur, comptes de toute espèce, Signalent au papa le navire en détresse. Il n'en croit pas ses yeux, et paraît ébahi Que son fils aimât tant le Bourgogne et l'Aï. 11 condamne en grondant, dans un énorme prône, La dette contractée à se ganter de jaune; Le beau cheval anglais, qui lui valut l'honneur D'avoir un fils jouant le rôle de sauteur, N'a pas été payé par notre gentilhomme : Il faudra donc encore acquitter cette somme. On transige à la fin : les comptes sont soldé, Et de nouveaux crédits ne sont plus demandés. Le fou va devenir un jeune homme exemplaire, Et comme il ne veut pas demeurer sans rien faire, De ses amis du club empruntant les avis, Du temple de la Bourse il franchit le parvis. C'est ici que l'esprit, agrandissant sa sphère, Aux plus hardis calculs peut ouvrir la carrière ; Mais sur ce grand chemin les voyageurs lancés, Ainsi que sur le turf rencontrent des fossés, Et si de les franchir ils n'ont pas l'occurrence, Us iront se noyer en pleine différence : C'est un gouffre perfide entrouvert sous leur pas, Un abîme profond d'où l'on ne revient pas. La différence, hélas ! tonneau des Danaïdes, A peine se remplit par de tristes suicides ! Mais ce n'est pas toujours qu'on cherche dans la mort Un refuge assuré contre la main du sort : De trop nombreux joueurs, aux larges consciences, Portent facilement lo poids des différences,