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2<)S LE BON GENRE. L'exigeante maman, prêtresse de la mode, Invente pour son fils un ridicule code, Et met au même rang que la moralité, Les mille petits riens de la frivolité. Nourri dans un milieu de bêtise splendide, Il aura bientôt pris le bon genre pour guide : Il saura discourir des toilettes du bal, Jouer le lansquenet et raisonner cheval. Si jamais vient le temps de le mettre au collège, Il parlera déjà la langue du manège: Elle est bien suffisante, et d'un profond dédain L'écolier poursuivra le grec et le latin. Si jusqu'en quatrième il parvient à grand'peine, Du droit de bifurquer il usera sans gêne ; Il abandonnera Virgile et Cicéron, Et feindra de vouloir Euclide pour patron ; Mais le désir, qui prime au fond de sa pensée, C'est d'être paresseux pendant la traversée. Croyez-vous bonnement que Biot ou Dumas, Que Legendre ou Lacroix aient pour lui des appas ? Notre jeune élégant et ses beaux camarades Ne veulent pas sécher, à conquérir des grades : Ils n'en ont pas besoin pour gagner de l'argent, Et le seul intérêt, qui soit vraiment urgent, C'est de se faire honneur aux yeux du petit monde, Qui sert ici de but aux pierres de ma fronde. L'écurie et le club, voilà le complément, Qui devra couronner ce bel enseignement ! Notre élégant bientôt, courant au steeple-chasse, Lui-même enfourchera le fin cheval de race, Et prétendant jouer un rôle de héros, En sautant un fossé se brisera les os. Si, pour exécuter ce brillant tour de force,