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24C EXPOSITION DE 1 8 5 8 . sont très-réelles, c'est-à -dire que la scène présentée par le peintre a dû ou a pu se passer ainsi. Mais il nous ont offert de joyeuses commères, de vigoureux compères buvant et fumant, chantant et dansant, dont la vue nous apporte des idées riantes, nous arrête et nous charme, tandis que nos réalistes parodient la nature en «'amourachant du laid ; ils veulent être originaux et ne sont que repoussants. Qui a-t-il d'attrayant dans la Toilette aux champs, de M. Adol- phe Leleux ? Le peintre nous représente deux bergères en haillons, au milieu d'un pré ; leur chevelure en désordre est ramenée sur le visage, elles se rendent mutuellement le serviee que vous, vous demandez à votre coiffeur. Je puis manquer de sentiment poéti- que, mais, je l'avoue, il n'y a rien là qui m'intéresse, au contraire. M. Antignaafait des Incendies et une Inondation ; il a peint l'Hi- ver et l'Eté,une Fête-Dieu et un Paralytique, la pluie et pas mal de Bretons déchirés. Il n'a pourtant que.deux petites toiles au Sa- lon. Sa Fileuse a comme beaucoup de dévideuses et de fileuses qui lui font concurrence, de la couleur ; mais sa Jeune bergère nous plaît davantage que celles de M. Leleux, parce qu'elle a une phy- sionomie, un air isolé, malheureux, qui nous attendrit. Doit-on dire qu'un Lendemain de bal de l'opéra, par M. Castelli, est du réalisme? Oui et non. Oui, quant à l'idée ; non, quant au dessin.... On suppose qu'il est six heures du matin; ce pierrot, ces titis, ces débardeuses, ont soupe, en quittant le bal, et c'est la conséquence du bal et du souper que nous présente M. Castelli.. Tout le monde dort, qui sur le parquet, qui sur un divan, qui sur la table. M. Castelli combine avec adresse l'huile et la couleur ; il a recherché l'effet des nuances, effet qui, d'ailleurs, était demandé par la nature du sujet. Dans son tableau un beau dé- sordre est trop un effet de l'art ; ses personnages ont des poses chargées et impossibles. On ne s'explique pas l'attitude des deux femmes qui sont couchées au second plan... Il faut être bien fatigué pour dormir ainsi. Quant au pierrot, il se réveillera avec- un torticolis, c'est sûr. M. Castelli a du talent; c'est dommage qu'il le gaspille à de pareils sujets. La Sortie du bal masqué, de M. Gérôme, a éveillé les imagi-