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238                   EXPOSITION DE 1858.
marquable. M. Gigoux, ainsi que la tradition provençale qui fait
venir Madeleine à Marseille, d'où elle se serait retirée dans la
grotte de la Baume, a agenouillé sa Madeleine, vue de profil,
dans une excavation rocailleuse et déserte. Un livre est ouvert
devant elle, mais elle ne le lit point ; sa tête repose sur sa main
gauche, elle médite. La lumière arrive d'en haut et frappe en
plein le torse vigoureusement modelé, et où ondule une abon-
dante chevelure à laquelle le peintre a prêté cette couleur ruti-
lante et hardie que Titien et Van Dick se plaisaient à donner à
leurs madones. L'ombre est trop généreusement répandue sur le
cou et le visage, mais il y a dans l'ensemble un sentiment pro-
fond du solide et de la forme. Le bras est parfait, et M. Lefebvre
dont je l'avoue à ma honte, j'ai peu compris la Ceinture dorée,
peut apprendre devant l'étude de M. Gigoux comment on ne dé-
forme pas la poitrine d'une femme jeune et belle.
   M. Pinet nous présente la fin de ce drame évangélique. On ne
peut pas comparer le Dernier soupir de sainte Madeleine au ta-
bleau de M. Gigoux ; cependant, comme il faut toujours tenir
compte de l'intention de bien faire, j'en dirai deux mots. Je puis
me tromper, mais à voir la façon dont M. Pinet a exécuté ses
plans secondaires, je le crois un jeune homme. Il ne manie pas
habilement la couleur, mais il cherche la correction du dessin et
la vérité de l'expression, cela vaut mieux. Sa Madeleine est à
demi-couchce devant une croix; elle est amaigrie, elle souffre,
elle meurt. L'effort douloureux qui fait renverser la tête, élève le
bras gauche pendant que la main droite ramène un lambeau de-
couverture sur la poitrine. La scène est trop uniformément
éclairée et tous les détails ne sont pas irréprochables, mais le
mouvement est vrai et pathétique.
   M. Hillemacher a dû faire ses classes avec M. Barrias. Le Saint
Joseph du premier a un grand air de parenté avec le Pharisien
du second. Sa Sainte-Famille n'est pas religieusement traitée ; il
l'a placée dans un atelier de menuisier bas, étroit, sans perspec-
tive. La petite poitrine de l'enfant est finement modelée, et si la
figure de la Vierge était moins lâchée, je louerais sa beau'té gra-
cieuse empreinte d'une certaine noblesse. Eubens faisant le