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228           NOTICE SUR M. DE LEZAY-MARNÉSIA.

 MM. de Lezay lui lurent présentés, ainsi qu'aux principales
 illustrations de la guerre de l'Indépendance.
    Président d'une république à son âge d'or, Washington
vivait dans la noble simplicité qui convenait au temps et
 aux mœurs. Ce fondateur désintéressé d'une liberté pure
d'excès, marchant sans orages, exercée sans licence, ce
héros, taillé dans de sages proportions, où rien ne dépassait
 de trop loin la nature humaine, devait obtenir toutes les
sympathies du comte de Lezay. Il se sentit attiré par
son maintien calme et digne, par son air grave dont une
bienveillance sereine tempérait la froideur, et sortit de son
audience avec une émotion semblable à celle que devait
éprouver un jeune Grec quittant Epaminondas ou Philopé-
 men.
    La colonie ne resta, soit a New-York, soit a Philadelphie,
où elle revint, que le temps nécessaire au règlement de ses
affaires. Ensuite elle s'achemina vers cette terre promise où
la réalité ne lui ménageait que d'affreux mécomptes.
    Elle fit, sans trop de difficultés, le trajet de Philadelphie
aux Montagnes-Bleues ; mais, en arrivant, toutes les illusions
dont elle s'était bercée commencèrent a s'évanouir. Là, tout
devenait danger. Point d'autres chemins frayés, que des
brèches pratiquées dans les escarpements des montagnes,
point d'autres abris, que des lieux de station, enfumés, sales,
où venaient se reposer quelques chasseurs isolés, quelques
rares voyageurs, rudes d'aspect et de langage, représentant
aussi bien la civilisation que l'état sauvage.
    La première de ces stations, tenue par un pionnier du nom
 de Skiner, laissa dans l'esprit du comte de Lezay des souve-
nirs qui ne s'effacèrent jamais de sa mémoire. Il se rappelait,
 avec joie, dans sa vieillesse, la hutte de ce brave Américain,
formée d'arbres grossièrement équarris, posés de champ et
liés par un ciment de mousse et de terre ; son foyer primi-