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482           DANGER DE L'ACCROISSEMENT DES VILLES

  L'on sait aussi que, chez les Romains, l'affaiblissement de
la population, incessante préoccupation de leurs législa-
teurs (1), commença à se manifester dès l'instant où les
patresfamilias préférèrent le théâtre et le cirque de Rome,
au séjour de la campagne ; ce qui excita si vivement les
plaintes de Varron et de Columelle (2). Et certes, au temps
de splendeur où écrivaient ces deux auteurs, l'on était loin
de penser qu'un jour Rome tomberait, surtout parce que la
dépopulation des campagnes laisserait l'Empire sans défense
contre l'invasion des Barbares.
  Dans l'antiquité comme de nos jours, l'affaiblissement de

    (1) Vairon, qui écrivait son livre de Re rustica, sous Auguste, dit :
Igitur quod nunc intra murmn ferè patres familiœ correpserunt, relictis
falce et aratro, et manus movere maluerunt in theatro ac circo , quam in
segetibus ac vinetis. (Lib. i. prsef.).
   Dans Columelle, qui vivait sous Claude, on lit : Omnes enim (sicut
M. Varro jam temporibus avorum conquestus est) patres familiœ falce et
aratro relictis intra murum correpsimus et in circis potius ac theatris, quam
in segetibus et vinetis manus movemus. (L. i, prœf.)
   (2) On trouve, dès l'an S60 de Rome , un exemple de primes aecordées
en faveur des mariages et de leur fécondité dans les classes d'hommes libres.
L'on sait tout ce que fit Auguste, par les lois Julia et Papia Poppœa, pour
favoriser la fécondité des unions.
   L'affaiblissement de la population romaine commença à se manifester
dès que les mœurs grecques eurent fait invasion chez les Romains, après la
seconde guerre punique, en l'an 552 de Rome. « La fin de la seconde
guerre punique, et la défaite de Philippe , dit Valère Maxime , altérèrent
les mœurs de notre république. Le luxe commença de s'enhardir. (L. ix,
§ 3.) »
   Dès ce moment, les mariages ad manus devinrent fort rares ; ils firent
place au mariage libre qui fut l'origine de l'union dotale. Les dots devin-
rent excessives, Le luxe prenant d'énormes proportions, le célibat fut pré-
féré au mariage, aux charges de la famille. Les unions irrégulières se mul-
tiplièrent à un tel point qu'Auguste fut obligé de légaliser le concubinal
qu'il éleva au rang des noces, sinon pour les effets civils, du moins pour le
faire participer à tous les caractères que le mariage tient du droit naturel.