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178 UN SOIR D'ORAGE A ISCH1A, La lune s'est voilée : un nuage gris-bleu Dérobe le Vésuve et son fleuve de feu. Chacun, paisible, écoute, au logis qui l'abrite, La rafale assaillir son toit de stalactite. Moi je lutte ! battu par les flots et les vents, Je livre mon front pâle à tous leurs chocs mouvants. Mon cœur, comme ces monts agités par l'orage, Subit des éléments le passager outrage Mais à l'aube, demain, le soleil de retour Versera ses flots d'or, et l'ivresse et l'amour ; Les zéphirs, caressant le sein des eaux tranquilles, Joueront du cap Misène au golfe de Baïa Sous un ciel diapré, les deux vapeurs mobiles (1) Reviendront jeter l'ancre aux rives d'Ischia. L'orage, le bonheur, ici bas n'ont qu'une heure, A ces volcans éteints rien ne reste attaché ; Et des volcans du cœur rien même ne demeure : Tendresse, espoir et jours tout nous est arraché ! Jules FOREST. ( I ) Chaque jour, deux bateaux à vapeur font le trajet de Naples à ïscbia. iKliia , 50 août 18*7