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                          CORRESPONDANCE.                        163
voyer une députation à sa fête et elle indiqua le jour de la
sienne. Des députations de quatre cent dix-huit villes de France
s'y rencontrèrent, et elle fut elle-même représentée dignement
à la Fédération de Paris, le 44 juillet. Les Corps et les députa-
tions des gardes nationales étaient en grande partie commandés
par de jeunes nobles, compagnons et émules de Lafayette. Ainsi
dans le Midi, nous trouvons les noms d'un Castellane-Saint-
Maurice, d'un de Payan, d'un de La Fare. La garde nationale de
Lyon, commandée en chef par M. Dervieu du Villars, avait fourni
pour Grenoble un détachement sous les ordres de M. Bolliou de
Chanzieu et pour Paris un détachement sous les ordres de M. de
Foissac. Il est vrai qu'une autre fête 'commémorative eut lieu le
14 juillet; elle tombait au milieu des agitations qui commen-
çaient à naître contre les octrois, et elle fut suivie, peu de jours
après, d'une sanglante émeute. J'ai fait remarquer que cette
émeute, dont l'origine est mystérieuse, est étrangère au peuple
de Lyon qui s'était formellement prononcé dans toutes les sec-
tions pour le maintien des octrois jusqu'à leur remplacement
légal. La section de Pierre-Scise fut désarmée non pour s'être
insurgée contre la garde nationale, mais parce que des émeu-
tiers réfugiés sur sa circonscription avaient tiré sur un bataillon.
Son innocence fut reconnue et ses armes lui furent honorable-
ment rendues. Au surplus, la garde nationale qui réprima coura-
geusement cette émeute, que l'abbé Guillon signale comme de
source aristocratique, était, dans ses chefs et dans ses membres,
la force énergiquement révolutionnaire de la ville.
   Il semble, au dire de M. Péricaud , que je me sois prononcé
pour tous les désordres au nom d'un peuple qui a Dieu pour
chef et qui, toujours en avant, dicte ses décrets â l'Assemblée
nationale. Je repousse cette phrase ridicule que M. Péricaud
souligne comme si elle était de mei.
   M. Péricaud me fait dire encore , entre guillemets : « Il est
« résulté de ce mélange de grandeur et de crime, un problème
« qui attend sa solution définitive et qu'il obtiendra par la fusion
« des deux autorités religieuse et civile. » Une telle fusion se-
rait la théocratie ou l'autocratie, Grégoire VII ou Heari VIII
d'Angleterre. Cet idéal est le contraire du mien.
   Ce que j'ai formellement blâmé, le critique me le fait louer,
notamment la constitution civile du clergé, réaction impru-
dente du jansénisme qui troubla dangereusement notre province,
et le cours forcé des assignats, auquel j'ai opposé les vues très-
sensées, publiées par M. Périsse du Luc, député de Lyon à l'As-
semblée, demandant là création d'assignats libres, portant intérêt
et hypothéqués sur les biens nationaux.
   J'ai indiqué les causes de la division qui exista presque con-
tinuellement entre l'administration urbaine et l'administration
départementale : attributions mal définies, trop de points de
contact, orgueil de l'autorité, coteries locales, et différence des