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 •188                     CORRESPONDANCE.
donne le caractère de la publicité dans un mémoire publié au
nom de son siège ; et, sous la lumière de cette publicité, en pré-
 sence de faits qu'on ne peut plus nier, la Cour des comptes rend
un arrêt portant « que le procureur général se retirera immédia-
 te tement devant le seigneur roi pour lui faire connaître la situa-
 « tion actuelle de la ville de Lyon. » En 1770, la sénéchaussée
lance un autre mémoire contre le Consulat. En 1778, une com-
mission de notables formée en vertu d'un arrêt du conseil, sous
les réclamations presque menaçantes du commerce contre les
nouveaux droits de rêve et foraine, s'exprime en termes si vifs
que la cour effrayée de ce bruit, dans une ville ordinairement
silencieuse, casse la commission. L'avocat Guillin de Pougelon,
ex-échevin, qui en était l'un des membres les plus influents,
reçut l'injonction de ne plus s'occuper des affaires de la ville.
En 1789, c'est M. Millanois qui, réfutant la prétention du Consu-
lat d'être le représentant de droit de la ville aux états-généraux,
met de nouveau en avant les mêmes accusations. M. Péricaud
peut donc voir que je ne les ai pas inventées, ces accusations, et
que je les ai entendues de bouches qui, certes, ne sont pas mé-
prisables.
    Mais , je le répète, en signalant les vices de l'administration
consulaire , je n'ai cessé de respecter les personnes et je ne m'en
suis pris qu'à leur impuissance. M. Peysson de Bacot, dont j'ai
cité le mémoire, dit lui-même, que tout était conduit par une
influence tyranniqne et occulte dont les échevins n'étaient que
les instruments passifs et aveugles ; c'est à cette pression qu'il
attribue les comptes exhorbitants réglés sans leur avis, les pen-
sions et gratifications données sans nécessité , les emprunts
pour des acquisitions onéreuses, les bénéfices exercés sur ces
emprunts, les remboursements de dettes à bas prix, remplacés
par des parties prises à gros intérêts, les fausses spéculations
entreprises par des motifs personnels, les administrateurs igno-
rant le secret de la régie , des pièces mystérieuses cachant le
véritable emploi des deniers communaux. Voilà pourquoi les ré-
clamations de quelques honnêtes gens, plus courageux que les
autres, avortent sans cesse. Citons-en un exemple : La cour im-
pose, en 1775, au Consulat de Lyon, un bail de ses octrois infé-
rieur d'une somme importante aux offres qui étaient faites à la
ville ; quatre échevins, MM. Rast, Nolhac, Munet et Brac, refu-
sent de signer, consignent leur opposition au procès-verbal des
délibérations consulaires, et en font imprimer les motifs. Un
ordre du Roi, qualifia d'indécente la protestation des quatre
échevins, supprima la protestation imprimée et enjoignit la signa-
ture du bail. L'année suivante, M. Brac fut exilé de la ville avec
l'ex-échevin de Pougelon, son beau-frère.
   J'ai dit que cet enchaînement d'abus qui descendait du pouvoir
central aux pouvoirs subordonnés et locaux, ce mélange d'arbi-
traire et d'anarchie, de violence et de faiblesse qui constituait