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152 LA QUARANTAINE. probablement de quelques démolitions ; elle est surmontée d'un pinacle découpé et supportée par deux anges qui tiennent un écusson, vide de ses meubles héraldiques. Le soin qu'on a mis à conserver ce fragment est d'autant plus louable que trop souvent, à Lyon, on fouille el on bouleverse sans intelli- gence el que, chaque jour, nous avons à déplorer des actes d'un vandalisme inutile. D'où vient ce nom de Quarantaine? L'opinion la plus accré- ditée et la plus naturelle le fait dériver de la quarantaine imposée aux malades et aux marchandises soupçonnées d'être infestées de la contagion. Le Père de Colonia pense, au con- traire, qu'il doit son origine à ce que, en 1504, le cardinal d'Amboise, légal du Pape, alors à Lyon, affecta aux répa- rations de l'hospice le produit des dispenses de la sainte quarantaine, c'est-à -dire du Carême; cette étymologie est un peu forcée, mais elle est plus savante. Il paraîtrait que l'es- pace qui s'étendait de la Quarantaine à la porte Saint-Georges servit de cimetière au XVI e siècle car, en 1856, les travaux fails par le génie militaire amenèrent la découverte d'une pierre tombale d'une parfaite conservation. Elle avait, selon son inscripiion, été placée en ce lieu cimetière commun des pesti- férés en l'honneur de Félix Beynier et d'Isabelle Aubry sa femme ; les armes de Reynier ou Régnier qui sont au bas (1), indiquent qu'il était de la même famille que Jacques Régnier, trésorier de France, au bureau des finances de la Généralité de Lyon, en 15^6. Celle pierre a été placée au Palais Saint- Pierre, à côté de celles qui viennent des anciens édifices dé- molis, avec celle de Bellièvre, des Rubys, de Daleschamp, de Gros de Sainl-Joire et de tant d'autres morts illustres chassés de leur dernier asile par le mouvement des âges et le souffle deslrucleur des révolutions. V. M. D. (1) Coticé d'ov cl d'azur, au cliel de gueules chargé de Irois fleurs de lis d'argent.