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10 1>E L,'ANCIENNE COLONIE ce qui nous est prouvé par le mot Legio, donné à plusieurs villes d'Asie, d'Afrique, d'Espagne et d'Italie. Or, les légions étaient fortes ordinairement de six mille hommes. Mais la légion de Munatius Plancus, qui faisait partie de l'armée de Lepidus, décimée par la guerre, diminuée par le nombre de ceux que leurs intérêts et l'amour de la patrie retenaient en Italie, ne dut sans doute fournir que trois mille hommes tout au plus, qui, avec les femmes, les enfants et les ser- viteurs, formaient a peu près quinze mille personnes. Joi- gnez-y environ mille familles viennoises ; car on ne peut évaluer à un plus grand nombre"les exilés de Vienne. Cela établirait vingt mille personnes pour le commencement de la colonie. Réfutons en passant une erreur commune, même parmi les savants ; c'est que dans les colonies militaires, Rome envoyait les plus pauvres et les derniers de ses citoyens, ce qu'on appelait communément la plèbe. Non; les colonies militaires, comme celle de Lyon, ne pouvaient être composées de cette humble classe de citoyens, puisque la constitution de la République leur défendait de s'enrôler sous les dra- peaux (1). Des patriciens n'en faisaient pas non plus partie : ils n'auraient pas volontiers quitté leur position et l'influence dont ils jouissaient a Rome. Elles étaient donc composées de ciloyens de la classe moyenne, trop peu riches pour jouir de l'aisance dans leur patrie, mais assez pour s'établir dans la colonie sans s'endetter. Ainsi, la colonie de Lugdunum avait, dès les premiers temps, une population d'environ vingt mille âmes. Mais ce- pendant il ne faut pas croire que tous les habitants demeu- rassent dans la ville. La colonie, suivant l'usage, avait été pourvue d'un territoire assez étendu, partagé entre tous les (t) Tite-Livc, livre I, ch. 43. On a cependant plusieurs fois déroge à cetlc règle. Voyez le même Titc-Livc ; livre X, ch. 21, livre XXII, ch, 57. — Salluste : Jugurtha ch. 90.