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                         JEAN-CHARLES GRÉGOR.».                              475

 articles échappés à sa plume et les intéressantes notices histori-
ques dont il a enrichi la Biographie universelle (t).
    Par sa puissante organisation, par sa profonde connaissance
des hommes et des choses, Charles Grégorj semblait prédestiné
à la vie politique. Mais le rapide déclin du gouvernement repré-
sentatif, l'abaissement inoui des intelligences et des caractères ,
la corruption systématiquement reconnue comme moyen légi-
time d'action et d'influence, lui faisaient entrevoir l'abîme vers
lequel la France se précipitait. Sans confiance dans la digue que
quelques efforts isolés, quelques généreux dévoûments pour-
raient opposer, il ambitionnait peu de supporter sa part de res-
ponsabilité dans une catastrophe qui depuis longtemps lui pa-
raissait imminente. Une occasion lui fut offerte d'aborder cette
carrière si féconde alors. En 1S42, les principaux électeurs du
collège de Bastia le pressèrent d'accepter le mandat de député.
Cet appel, fait à son patriotisme et à son amour pour son pays, le
toucha profondément, mais il avait promis son concours à un au-
tre candidat, M. Agénor de Gasparin, et il dut opposer à l'entraî-
nement de ses amis, au vœu de ses concitoyens, l'engagement
sacré qui le liait. Pressentir la voie qu'il aurait suivie dans cette
nouvelle carrière serait une appréciation oiseuse ; il nous suffira
de dire qu'un grand souvenir dirigea constamment en politique
ses opinions et sa conduite. Le comte Pozzo di Borgo, ancien am-
bassadeur de Russie auprès de la cour de France, homme d'une
intelligence supérieure et d'une habileté à laquelle ses ennemis
les plus ardents n'ontpu s'empêcher de rendre justice, avait fait
de Charles Grégorj l'ami et le confident de ses dernières années.
Dévoués tous les deux aux intérêts et à la gloire de la Corse, en-
visageant ses traditions et ses destinées au même point de vue,
le maître et le disciple scellèrent, à cette communauté d'affection
pour le sol natal, la chaîne dans laquelle leurs pensées et leurs ju-
gements se trouvèrent circonscrits. Cette chaîne, en apparence,
souple et flexible, était en réalité forte et puissante; la mort du


  (1) Voir, entre autres, les articles Caldi, Galeazzini , Fiiippini , Brigauli ,
Rivarola, dans les suppléments de Michaud.