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474 MONOGRAPHIE HISTORIQUE moine, les bras en croix et les yeux blancs, m'interdit l'ac- cès, ne me sembla pas devoir renfermer des trésors de vo- lupté. Le soleil commençait à baisser h l'horizon, lorsque, aban- donnant les coteaux de Sanluri, je m'engageai dans la plaine et galoppai vers la ferme de l'Etablissement agricole Victor- Emmanuel. Quelques instants après je franchissais les fossés qui bordent la concession et entrais sur les terrains immenses du domaine. Une forôt d'épis, balancés sur leurs tiges trop faibles pour les soutenir, couvrait au loin la terre d'une couche dorée ; des centaines de bœufs accouplés tiraient de pesantes charrues, pressés par l'aiguillon des laboureurs, dont les cris venaient jusqu'à moi; plus loin, sur la berge des fossés, des faucheurs coupaient les herbes épaisses, qui déjà s'amonce- laient sur les charriots attelés de chevaux , c'était un char- mant spectacle que celui de celte terre qui récompensait les travaux et l'activité de l'homme, en lui prodiguant les r i - chesses de son sein. Quand j'arrivai en face des bâtiments qui s'alongent sur un monticule , d'où l'on domine la con- cession entière, VAngélus venait de retentir, aussi le chemin élait-il encombré de travailleurs qui rentraient à la ferme. C'était une longue procession de bœufs, de bouviers, de charrues et de laboureurs ; des chars s'avançaient lente- ment, ensevelis sous des montagnes de fourrage; des pasteurs, vêtus de peau de chèvre, chassaient devant eus de grands troupeaux de brebis bêlantes, soulevant sous leurs pieds des nuages de poussière ; landisqu'une troupe de femmes reve- naient de la fonlaine, portant, appuyées sur la hanche ou posées sur la télé, des jarres de terre poreuse, élégantes comme des urnes antiques. Ce fut à la suite de ce brillant cortège que je fis mon entrée dans la grande cour de la ferme. Vous raconter, cher ami, l'accueil bienveillant et cordial que j'y reçus,, serait chose difficile et inutile ; mais il me serait im-