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SORTIE DES LYONNAIS. 201 au-dessous , et toujours sur ma gauche, étaient des rassem- blements nombreux. J'aperçus enfin des pelotons jusques sur l'es hauteurs, au-dessus des bois de Saint-Romain. J'ai appris depuis que tous les villages , à cinq ou six lieues, avaient été requis et forcés de prendre les armes. Quelle position ! j'a- vais, pour résister à ces forces, cent hommes au plus, exté- nués de fatigue, de faim , de soif, de chaleur ; accablés, dé- couragés , étendus par terre, et ne donnant à mes sollicita- lions qu'une attention proportionnée au peu de forces qui leur restaient. Si nous eussions été attaqués dans ce moment, nous périssions tous. Je ne le dissimulai pas à mes malheureux amis. Je les priai, je les menaçai tour à tour sans succès. Je leur prorais qu'en exécutant strictement mes ordres, je les conduirais au bois qui est à un fort gros quart de lieue de nous. J'ajoutais que, plutôt de me laisser prendre vivant, je saurais périr à leurs yeux •, je parvins ainsi à les décider, et je les formai en bataille. Hélas! ce n'était pas le courage, c'était les forces qui leur manquaient. J'avais eu le temps d'examiner les différents rassemble- ments et leurs mouvements. Le petit village d'Ancy était sur ma gauche ; il n'était pas occupé, il était môme abandonné des enfants et des femmes. J'y dirigeai ma marche, et le tra- versai sans obstacle. Après avoir reconnu le terrain de ce village au bois, je me décidai à longer des haies et des chemins difficiles qui me promettaient une défense plus aisée contre la cavalerie, que je jugeai bien devoir chercher à me couper les chemins du bois. Je n'eus pas fait deux à trois cents pas que je la ren- contrai; elle était en bataille dans une petite plaine que je devais traverser pour arriver au bois. Je n'hésitai pas de la charger. Je forme à l'instant ma troupe en bataille , et je marche sur la cavalerie. Ce mouvement l'étonné ; elle tire quelques