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 174                       ROME AU SIÈCLE ï) AUGUSTE.
 la bibliothèque octavienne (1), ou au comptoir des libraires (2),
 aux bains (3) ou à la taverne (4) , aux noces (5) ou aux
 funérailles (6), à la chasse (7) ou chez les magiciennes (8), aux
 vendanges (9) ou aux pantomimes (10) ; tout y est repré-
 senté en son lieu , et par de vives couleurs. Ce livre est une
 encyclopédie romaine , et celle encyclopédie de toule une ci-
 vilisation n'est pas un froid dictionnaire , stérile assemblage
 d'articles, dont le titre seul soit méthodique ; c'est un drame
 soutenu et varié, dont l'ordre est dans la progression d'inté-
 rêt, et l'intérêt dans la vérité des enseignements. L'auteur a
 partout montré ces qualités éminenles et rares, nécessaires à
tout archéologue, l'élendue et la sincérité de l'esprit, l'exac-
 titude et la profondeur des recherches.
    Que si l'on nous demandait pourtant sous quel rapport
 M. Dezobry nous paraît plus spécialement justifier la place
 qu'il occupe dans l'élite de nos plus élégants antiquaires, nous
répondrions, en peu de mois, qu'à nos yeux il a conquis ce
rang comme peintre moraliste.
    Nous avons signalé antérieurement, au nombre des qualités
les plus éclatanles de M. Dezobry , ce lalent de restauration
par lequel il nous a rendu toutes vives les quatorze régions de
cette Rome que les siècles ont presque ensevelie ; il a relevé,
avec un singulier bonheur, le dessin des temples et des monu-
ments de la ville éternelle , comme s'il eût assisté à leur con-
struction et à leur primitive ordonnance (11). Il semble que
la famille des vieux Vitruves lui ait légué ses arpenteurs et
ses tablettes. A ce caractère dominant, il en a su joindre un
autre; nous venons de le voir , M. Dezobry retrace les coutu-
mes sociales et les institutions avec une telle vérité, que vous
les regardez quelquefois, par illusion, comme une réalité con-
temporaine. Mais quelle grâce de récit ei quelle spirituelle
vivacité d'imagination et de souvenirs n'a-t-il pas prodiguées
dans ces pages où il retrace les habitudes des individus, les
mœurs , les ridicules ou les vices de certaines classes, leurs
mérites, leur grandeur !
    Contemplez à la porte de ce patricien cette foule empres-
sée et mal velue. Les pauvres citoyens qui la composent se
sont levés avant l'aurore; ils ne prennent même pas le temps

   (ï) T. m , p . 4 2 3 . — (2) T. in, p . 4 10. — (3) T . r, p . 322. — (4) T. ï,
p. 346. —(S) T. m, p. t. — (6) T. m, p. 45. — (7) T. m, p. 485. —
(8) T. n , p . 346. — (9) T. iv, p . 108, I 3 I . — ( r o ) T . iv, p . 2 2 6 . — ( 1 1 ) T. 1,
p . 261 ; n , p . 378 ; in, p . 2 5 9 .