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                      BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                               339
histoire un modèle du genre historique : théologien profond, savant historien,
sage critique, écrivain habile, il discute, il analyse, il raconte avec la même
aisance, avec la même lucidité. On regrette, en le lisant, qu'un tel homme
n'ait pas achevé un monument, qu'il était seul capable de dignement
couronner.
    « Mais des circonstances malheureuses le détournèrent d'un travail si im-
portant. En 1749, les disputes religieuses devinrent plus vives, la philosophie
livra à l'Église une guerre plus acharnée. Le P. Berthier dut alors prendre
à la tulle une part plus active. Monseigneur de Beaumont, archevêque de
Paris, et d'autres prélats du royaume recoururent plus souvent à ses lumières ;
il dut prêter aussi pins souvent à leur sollicitude le concours de son zèle et de
tes talents.
   « Les temps ne lui apportèrent point de repos. La Compagnie de Jésus,
dont il était membre, succomba bientôt aux efforts des passions et des
erreurs liguées contre elle. Personne n'ignore aujourd'hui les intrigues qui
amenèrent cet événement. Le P. Berthier le subit avec une noble résignation.
Il remplissait, depuis deux ans, l'emploi d'adjoint à l'éducation des Enfants
de France, lorsque le Parlement, par un luxe de rigueur dont sa réputation
se serait bien passée, enjoignit aux membres de la Société proscrite, ou de
s'exiler de leur pairie, ou de jurer qu'ils n'entretiendraient plus aucune
relation ni avec leur supérieur général, ni avec leurs anciens confrères, et
que l'Institut, qu'ils avaient embrassé, éîait un code d'infamie. Le P. Berthier
prit en pitié le Parlement, et quitta le royaume. Retiré d'abord à Rastadt,
puis à Bade, enfin à Offenbourg, il se livra tout entier à la méditation des
Livres saints et à l'élude des langues orientales: et ce repos de l'exil nous a
valu les excellents commentaires sur les Psaumes et sur les prophéties d'Isaïe,
ainsi que des Olîuvres spirituelles, que le P. Berthier continua dans une
autre retraite. Le gouvernement lui ayant permis de rentrer en France, il
revint à Bourges, où il termina sa carrière, en 4785, â l'âge de 78 ans. Le
P. Berthier a fait son portrait, sans s'en clouter, en traçant celui du P. Fontenai:
 « D'un caractère doux et affable, il joignait à des manières faciles et complai-
santes toutes les vertus de son état, beaucoup de religion, de piété, de bien-
séance dans la conduite et de talent pour gagner la confiance des autres. »
Ajoutons que le P. Berthier, un des hommes les plus doctes de son siècle, était
encore moins savant que pieux et modeste.
   « Le P. Berthier avait laissé manuscrit le dix-neuvième volume de
Y Histoire de l'Église gallicane ; mais cet inestimable héritage tomba entre des
mains ignorantes: il fut vendu avec d'autres manuscrits, également pré-
cieux, à des merciers qui les détruisirent. C'est pour l'histoire une perle