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94 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE
indifféremment en français ou en allemand, selon qu'il des-
tine à l'une ou à l'autre des deux rives du Rhin les fruits de
ses savantes recherches (Warnkonig). En médecine, Gmelin
et Autenrielh; dans l'économie politique, Mohl et Fallati sont
des noms célèbres dont il aurait été facile de faire l'éloge en
énumérant d'importants travaux. Mais nous devons ici nous
borner à indiquer que si Tiïbingue mérite par ses philosophes
d'être visitée par les penseurs, elle justifie également sous
d'autres rapports sa renommée de science et de sagesse.
Félicitons en particulier Tûbingue de ce qu'elle a fait, de-
puis l'arrivée de Fichte, pour la vraie philosophie et la vraie
piété, deux causes qui sont plus intimement unies qu'une
spéculation fausse et irréligieuse voudrait nous le faire ac-
croire. Le théisme semblait disparu pour longtemps de l'uni-
versité wurtembergeoise. Une théorie triste et erronnée
paraissait devoir le remplacer désormais, et être prêle à y
exercer bien des années encore son influence désolante. Mais
le triomphe de l'erreur ne pouvait être durable. Il est dans
ce monde changeant des idées sans cesse renaissantes, éter-
nelles, parceque comme le phénix elles reprennent vie de leurs
cendres mêmes, et qu'elles ressuscitent plus belles, plus splen-
dides, des ténèbres passagères qui avaient caché leur éclat
inaltérable. Du nombre de ces idées sont celles de Dieu,
d'immortalité, de liberté. A Tûbingue aussi elles ont brisé
la pierre qui naguère recouvrait ïeur sépulcre ; leur splendeur
nouvelle et inattendue a terrassé leurs ennemis orgueilleux ;
victorieuses, elles sont apparues à bien des esprits pour les
convaincre, a plus d'un Thomas qui a vu, et a cru.
La cause des opprimés doit toujours paraître juste ; si la vé-
rité elle-même est opprimée, qu'y a-t-il à la fois de plus
désirable et de plus sûr que son futur triomphe ? Dans un
passé peu éloigné nous assistions à des scènes de tyrannie, le
temps actuel est celui de l'affranchissement et de la victoire.