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222                DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT

   Aussi, depuis 1830, il y a eu beaucoup de confusion et de.
 mal entendu ; le clergé s'est préoccupé de politique, il a
attaché à des événements qui devaient lui être indifférenis
 une importance ridicule. Le gouvernement, de son côté, n'a
pu se résoudre à lâcher cette autorité qui l'impliquait dans les
affaires de religion et il s'est donné inutilement bien du souci.
   Je conçois donc qu'on accorde à un peuple quelques années
pour reconnaître sa position. Mais voilà seize ans d'écoulés et
nous n'avons presque rien fait, malgré l'exemple d'un petit
peuple qui a commencé après nous et nous a dépassés depuis
bien longtemps. Ne serait-il pas temps d'avancer et d'entrer
franchement dans la nouvelle voie ? car il nous reste beau-
coup à faire, et cependant la société est en souffrance tant
que l'Å“uvre n'est pas accomplie.
   Le but auquel nous tendons et dont nous sommes encore
loin, c'est l'indépendance réciproque et complète de l'Eglise
et de l'Etat. Or, voici ce qu'il faut encore pour atteindre ce
but, voici ce qui se réalisera par la force des choses et par la
nécessité inexorable de la logique dans un avenir plus ou
moins éloigné, mais que nous devons appeler de nos vœux et
hâter de nos efforts.
   Le ministre d'un culte doit être comme tel, étranger à
toute politique ; il ne doit point avoir de possession ma-
térielle, mais vivre d'une contribution fournie par ceux qui
suivent le m ê m e culte.
    On voit que le clergé catholique en France a peu à faire,
 si ce n'est de s'élever de plus en plus au-dessus de toute
politique. Mais il faut que le principe se réalise dans tout le
monde. Lorsque la distinction de l'Église et de l'État sera
effectuée dans toute l'Europe, alors l'Église, on peut le con-
jecturer avec quelque probabilité, se déchargera elle-même de
ses états temporels comme d'un fardeau importun; elle les
laissera aux disputes des souverains; ce jour-là commencera
pour l'Eglise une ère de gloire dont rien ne peut donner l'idée.
Tant que le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ont été